Patient ou client ?

par C’est Nabum
jeudi 25 janvier 2024

 

Les lois du commerce médical.

 

Si le patient comme de bien entendu patiente et souvent fort longtemps, le client ne tarde pas à cracher au bassinet qu'on lui tende ou non le pistolet. Il y a donc une différence notable entre ces deux fonctions qui pourtant finissent par se rejoindre dans ce coupe-gorge et taille-jarret de nos nouveaux carabins, bandits de grands chemins qui proclament : la vie contre la bourse et ce, sans nulle garantie de réussite.

Les dépassements d'honoraires -toujours aussi peu honorables-, dépassent l'entendement du patient ordinaire d'autant que contrairement à ce qu'imposent les lois du commerce, le tarif pour prohibitif qu'il soit n'est pas affiché en tête de gondole. C'est même la surprise du chef, la mauvaise nouvelle que le grippe-sou confie lâchement à sa secrétaire après avoir expédié à la va-vite, les affaires courantes.

Le serment d’Hippocrate devrait sans nul doute inclure une clause financière dissimulée par un astérisque qui est resté non pas en travers de la gorge du parjure, fut-il oto-rhino-laryngologiste, mais plus précisément d'un malheureux pourtant détroussé après l'examen. Il est même parfois des auscultations si vite expédiées que le malade trouve là, la seule occasion de se retrouver en slip.

Contrairement aux lois du commerce, ni garantie ni obligation de résultat, pas même la plus petite garantie décennale. Même en cas d'erreur manifeste, de perte du patient, les honoraires suivront au royaume des carabins niais : le coup de chapeau pour feu le patient. Si une telle pratique fait froid dans le dos, elle n'en demeure pas monnaie courante même chez les orthopédistes si j'ose m'exprimer ainsi.

Le patient attend donc sa dernière heure sans broncher puisqu'il sait désormais qu'il n'est qu'une matière première dont le corps médical entend tirer toutes les ressources possibles jusqu'à son dernier souffle. Tout est prétexte à faire de l'argent et autant prolonger le plus possible les ressources du gisement avant qu'il ne finisse de guerre lasse à se faire gisant.

Dans la logique traditionnelle des lobbys, les carabins au lieu d'investir les allées du pouvoir se sont dit qu'il serait préférable de faire partie du décor. C'est ainsi que les chambres législatives reçoivent un nombre considérable de blouses blanches qui préfèrent assurer leurs arrières en surveillant les lois plutôt que de soigner les électeurs patients.

Fort de leur influence et de cette surveillance en première ligne, ils garantissent le rejet des lois sur l'euthanasie, une perte conséquente de ressources selon eux et retardent les règles sur la fin de vie. Forme distinguée d'un comportement mafieux, ils ont même une instance de contrôle avec quelques parrains conseils qui donnent des ordres et n'en font qu'à leur tête.

On peut alors s'étonner du manque de médecins sur le terrain. Le numérus clausus participe d'ailleurs à cette belle mécanique qui transforme le patient en un client contraint. Si l'on mettait sur le terrain les parlementaires et les experts médicaux, les médecins attachés aux épreuves sportives et aux grandes fédérations, nous aurions un peu plus de praticiens et beaucoup moins de beaux parleurs.

J'espère que bientôt les patients cesseront de l'être et prendront le caducée par les cornes pour remettre les pendules à l'heure aux doctes apothicaires et étranges mires. C'est du reste avec ce terme archaïque qu'il convient de justifier ce curieux billet : « Ma bile est amère, mes humeurs troubles et odorantes, mes selles inconsistantes, mon œil vitreux et ma face cramoisie ! ». J'ai en ligne de mire une corporation qui n'a d'autre ambition que de s'enrichir non sur le dos mais bien sur tout le corps de la patientèle avec l'assentiment d'un pouvoir qui se fait leur complice. Il y a de quoi faire une apoplexie... Même les cardiologues n'ont pas de cœur.


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