Alerte au Tamiflu

par olivier cabanel
jeudi 3 septembre 2009

On sait que le Tamiflu inhibe la multiplication du virus au niveau des voies respiratoires, et pourrait diminuer la durée de la grippe.

Ce que l’on sait moins, c’est que ce produit a une date de péremption, au delà de laquelle il est peut être dangereux de l’utiliser.

Le Tamiflu n’est pas un médicament banal : on ne le prend pas comme l’on prend une aspirine.

Il s’agit d’un médicament récent et il est déconseillé dans le cas de grossesse ou d’allaitement, au nom du principe de précaution.

Les sujets âgés ne doivent le prendre que sous contrôle médical. lien

Il y a des risques de nausées, vomissements, diarrhées et douleurs abdominales. lien

En Grande Bretagne, on affirme qu’il est possible que le Tamiflu expose certaines personnes à un risque élevé d’accident vasculaire cérébral. lien

Il faut aussi savoir que le Tamiflu, utilisé comme parade lors du dernier épisode de la grippe aviaire, a connu quelques déboires.

En effet, le virus avait à ce moment développé une résistance au Tamiflu.

A l’époque, le docteur William Chui, de l’hôpital Qeen Mary, à Hong Kong, a déclaré que l’on ne pouvait plus compter sur le Tamiflu, vu l’apparition d’une résistance virale à ce produit. lien

Plus inquiétant, le premier juillet dernier, lors des débuts de la grippe A (h1N1) un patient a développé une résistance au Tamiflu. , Ce qui fait dire aux responsables du laboratoire Roche, producteur de ce produit, « le Tamiflu ne peut en aucun cas être pris préventivement ».

Or l’état français a acheté des stocks importants de Tamiflu, lors de la grippe aviaire, et il en reste de grandes quantités bientôt périmées.

Mais voici le plus surprenant.

Lors d’une réunion de l’Assemblée Nationale le 8 novembre 2005, sous la présidence de Jean Marie Le Guen, Henry Vincent Charbonné, président du laboratoire Roche France était invité à répondre à quelques questions.

Question de Michel Lejeune :

« Quel est le délai de péremption du Tamiflu ? » Il est important de le savoir pour organiser le stockage. »

Réponse de Henry Vincent Charbonné : « les gélules qui sortent de l’usine ont un délai de péremption de 5 ans. La poudre en vrac se périme au bout de 5 ans, mais devrait rester stable au moins dix ans » lien

Il ajoute : « cependant en droit pharmaceutique on ne peut augmenter le délai de péremption que lorsque l’augmentation de celle-ci a été constatée en temps réel »

Or le 15 août dernier, on apprenait que la date de péremption du Tamiflu avait été prolongée de 5 à 7 ans.

Swissmedic a autorisé cette mesure demandée par le fabricant Roche après avoir vérifié l’efficacité prolongée du médicament, sous réserve qu’il y ait épidémie et qu’une large utilisation du médicament ait été jugée nécessaire du point de vue médical.

Tous les emballages censés être périmés avant 2016 pourraient donc être utilisés deux ans après leur date de péremption. lien

Tout cela fait un peu désordre.

En résumé le Tamiflu produit avant 2005, périmé donc en 2010, voit sa vie prolongée par un organisme privé (swissmedic) alors même que l’on sait que le virus peut développer une résistance à ce produit, et que son utilisation peut être source de problèmes pour notre santé.

Par la voix de jean Yves Nau, docteur en médecine et journaliste au Monde, on sait que « la France dispose de plus d’une trentaine de millions de traitement, et une partie des stocks « militaires » sont en train d’être conditionnés afin d’être utilisés dans les services spécialisés des établissements hospitaliers sur l’ensemble du territoire national ». lien

Il ajoute que l’EMA (agence européenne du médicament) a répondu avec une assez grande désinvolture à la question de l’éventuelle péremption du Tamiflu en proposant sans le moindre scrupule de prolonger les dates d’utilisation de deux ans.

Après avoir tenté de lancer un mouvement de panique pour une pandémie qualifiée par le professeur Bernard Debré de « grippette », le ministère de la santé n’est-il pas en train de préparer un nouveau scandale, aussi important que celui du sang contaminé ?

Enfin pendant qu’on remplit les « Une » des médias avec cette « terrible pandémie » qui nous menace, on ne parle plus de la crise financière, des classes surchargées, des milliers de postes de prof supprimés, de la future disparition des juges d’instruction, du chômage qui continue de gonfler, des sans-abris sans solutions, des entreprises qui ferment ou se délocalisent, des bonus patronaux…

Comme disait un vieil ami africain :

« Aussi longtemps que les lions n’auront pas leurs historiens, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur ».


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