Avandia, le tueur en série

par Pharmafox
mercredi 13 juillet 2011

Le Médiator… et les autres (2/3)

Cet article est la suite de celui intitulé Le Médiator… et les autres (1/3). Je pensais dire ici ce qu’il faut savoir à propos de l’Avandia, mais un autre article d’Agoravox1 s’en est déjà en partie chargé… Essayons de ne pas être redondant.

On a beaucoup parlé du Vioxx. En effet, ce produit a fait 932 victimes en 4 ans. Il était dangereux et a été retiré du marché. Mais la famille de médicaments à laquelle appartient notamment l’Aspirine est autrement plus redoutable : les sources fiables parlent de 7.600 victimes par an d’autres, plus racoleuses, montent jusqu’à 30.000, rien que pour les Etats-Unis. C’est très difficile d’être précis sur d’aussi nombreux produits, surtout si on peut les acheter sans ordonnance.

Ces cas particuliers mis à part, un médicament vient en tête du classement des produits les plus dangereux : L’Avandia (produit donné aux… diabétiques). Les effets de l’Avandia (et de ses petits frères, l’Avandamet et l’Avandaryl) ont été révélés par le docteur Steven Nissen2. Expert mondialement connu et reconnu, Nissen publie en 2007 dans le New England Journal of Medicine (revue plus neutre, moins négative vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique que Prescrire) une étude estimant que l’Avandia avait causé 83.000 infarctus entre 1999 et 2007, soit 8.300, rien qu’aux Etats-Unis. Par rapport à un patient qui n’en prend pas, le produit fait courir un risque supplémentaire d’attaques cardiaques 43% plus élevé, de mort cardiovasculaire 63% plus élevé. Le nombre de patients sous Avandia est alors estimé à 2 millions de personnes dans le monde (à comparer aux 5 millions de personnes ayant pris du Mediator).

Ces chiffres publiés ne provoquent qu’une réaction assez molle des autorités américaines. Elles mènent une étude et concluent que le médicament peut continuer à être vendu. Il faudra attendre février 2011 pour qu’enfin le laboratoire, GlaxoSmithKline (GSK), accepte de reconnaitre que son produit est dangereux (sous la pression du Sénat américain). Sur l’année 2009, soit 2 ans après l’étude, l’Avandia avait fait plus de 1.350 morts aux Etats-Unis.

GSK aurait promis un médicament miracle, ne causant aucun problème cardiaque. Des nombreuses plaintes de patients ont été déposées, et l’affaire prend une nouvelle tournure car l’Etat de Caroline du Sud attaque à son tour l’entreprise en justice.3

S’il a été retiré du marché français il y a quelques mois, l’Avandia est toujours en vente aux Etats-Unis, même si le produit est (ou a été) parfois fabriqué dans des conditions d’hygiène douteuses.3 C’est bien, après tout. Pour GSK, la vie d’un français vaut mieux que celle d’un Américain, réjouissons-nous que les choses aillent dans ce sens. Cela dit, aucune étude n’a été lancée en France pour identifier d’éventuelles victimes…

Dans la prochaine et dernière partie, nous verrons ce médicament qui a surtout soigné les finances du laboratoire qui le fabrique.

 

1. « Douste-Blazy, Bapt, Harousseau : Touchez pas au grisbi des médecins politiques ! », Pharmaleaks, AgoraVox, 24 Juin 2011, http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/douste-blazy-bapt-harousseau-96490

2. « Effect of rosiglitazone on the risk of myocardial infarction and death from cardiovascular causes », Nissen SE et Wolski K, The New England journal of médicine, 14 juin 2007, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17517853

3. « Glaxo pays 41 million to settle US drug quality matter », AFP, http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hbjau3D2gvA_Pwdtzasrqu1l6BJQ?docId=CNG.e4a5c99551e28f7d9fd2b30cb3dcbf78.ac1

4. « State of South Carolina vs. GlaxoSmithKline Llc », 17 Mai 2011, http://freepdfhosting.com/1397926593.pdf


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