Cannabis : plus dangereux que le tabac
par Olivier FRIGOUT
lundi 3 avril 2006
L’un des derniers arguments en faveur d’une consommation modérée du cannabis par les jeunes vient d’être ébranlé par l’étude réalisée par le mensuel de l’Institut national de la consommation (INC), 60 millions de consommateurs.
Estimé moins toxique que le tabac, le cannabis était considéré comme un « moindre mal » par certains défenseurs de sa consommation par les jeunes, prônant, pour certains, sa dépénalisation. Les mesures ont porté sur les quantités de goudrons, de monoxyde de carbone, de benzène et de toluène, que la fumée d’un joint d’herbe ou de résine de cannabis fait inhaler. Réalisée selon la norme internationale Iso en vigueur pour le tabac, avec un filtre de carton pour, selon l’INC, se rapprocher des conditions réelles, l’étude a permis de comparer l’impact du cannabis avec celui de la cigarette la plus fumée dans le monde : la Marlboro rouge. Les résultats sont particulièrement inquiétants.
D’après 60 millions de consommateurs, « fumer trois joints par jour fait courir les mêmes risques de cancers ou de maladies cardio-vasculaires que fumer un paquet de cigarettes ». « La fumée de cannabis contient sept fois plus de goudrons et de monoxyde de carbone que celle du tabac », précise le mensuel. Le joint confectionné à partir de résine et de tabac fait inhaler deux fois plus de benzène et trois fois plus de toluène. Un joint d’herbe pure n’est pas moins risqué, puisque les quantités de goudrons et de CO dépassent celles d’une cigarette.
Le cannabis, drogue longtemps qualifiée de douce mais qui, comme toutes substances psychotropes, provoque une addiction et est associée à des troubles du comportement et des risques psychiatriques, revêt avec cette étude un caractère toxique nouveau, dont les conséquences en termes de santé publique pourraient être très importantes. Alors que la proportion de Français adeptes de cette substance est passée de 25% en 2000 à 31% aujourd’hui (pourcentage de personnes de 15 à 64 ans déclarant avoir consommé du cannabis au cours de leur vie), cette question de santé publique ne pourra être éludée au vu de cette dernière étude.