Carabin et Carabine

par C’est Nabum
vendredi 2 novembre 2012

Coup de fusil ou de bistouri ?

Vidéo sans ordonnance :

 

Un petit dépassement sans importance

Il était un temps où notre bon pays, dans la quiétude de ses certitudes et des valeurs qui étaient les siennes ronronnait à l'ombre tutélaire de ses clochers. On y trouvait en ordre d'apparition près de la vespasienne qui pouvait parfois être le lieu de rassemblement, le curé dans sa soutane, l'instituteur dans son importance d'alors et le médecin avec sa serviette de cuir.

Chacun à sa manière œuvrait pour le bien de ce petit monde qui se satisfaisait de peu et se découvrait très respectueusement devant ces trois piliers de la sagesse. Monsieur le curé et l'instituteur se faisaient bien quelques grimaces mais notre bon docteur remettait ces deux-là sur le droit chemin avec quelques remèdes de grand-mère quand les intérêts supérieurs de la communauté villageoise étaient en jeu.

Puis les temps ont changé, le monde s'est modernisé, la communauté a explosé et l'homme est devenu un individu ! Le curé a perdu sa soutane, ses ouailles et sa visibilité. L'instituteur est devenu un petit fonctionnaire méprisé et anonyme. Seul, le médecin a conservé sa belle posture d'importance.

Mais si les deux premiers ont malgré tout gardé dans leur cœur une foi profonde et bien naïve dans les hommes, ce qui les unit fondamentalement malgré tout ce qui semble les séparer, le médecin est devenu l'archétype des temps nouveaux. Il a renoncé à son serment, il a oublié le service et l'intérêt collectif pour se focaliser sur son propre enrichissement.

Il n'a pas eu grand chemin à faire. Enfant des classes moyennes ou privilégiées, le futur docteur en médecine a grandi dans le culte de l'argent, dans la vénération de la réussite, dans l'amour de soi et la haine des autres. Ses études, financées par des parents aisés, lui ont fait comprendre les lois de la jungle, le chacun pour soi élevé en principe de survie. Ceux qui en sont sortis, savent désormais qu'ils ne doivent rien à personne et qu'il faudra faire payer tout le monde au-delà du raisonnable et du tarif conventionné.

Le Carabin exerce une activité à but essentiellement lucratif. Il ne consulte plus, il encaisse. Il n"examine plus, il fait défiler les clients (pardon les patients) pour augmenter ses avoirs. Il lui faut, pour paraître dans la bonne société, disposer d'une belle voiture, d'une grande maison, d'une résidence secondaire, d'un chalet, d'une jolie femme et d'autres marques incontestables de sa réussite.

Que lui importe que tout cela se soit constitué sur le dos de pauvres gens qui doivent maintenant se saigner pour se faire soigner ! Il n'y a pas de radars automatiques pour contrôler les dépassements d'honoraires, plus de curé pour leur parler de charité chrétienne, plus d'instituteur pour faire la morale républicaine à leurs enfants. Les rejetons de cette caste soignante vont dans des écoles où le culte de l'argent et de la réussite individuelle remplace les idéaux d'une République qui se rêvait solidaire.

Depuis, dans une nation qu'on dit encore développée, alors que le Monde entier envie encore son régime d'assurance maladie, les bandits de grand Caducée exercent une coupe réglée sur le budget de leurs concitoyens. Le remède est si onéreux que de plus en plus de gens renoncent à se soigner. La mafia n'en reste pas là, elle fait de la maladie, de la vieillesse et du handicap une mine inépuisable de revenu. Il y a des combinards qui s'arrogent tous les droits sur des cliniques, d'autres qui inventent l'hôpital public libéralisé (Ils sont tous libéraux et les gens libres de crever en silence).

Pour assurer leur petit racket, ils investissent le parlement où leur profession est sur-représentée. Il est plus sûr d'être dans la place pour que la loi favorise ce commerce si lucratif. Il y a bien longtemps que ces doctes personnages n'ont plus le sens du service. Ils se moquent de nous, jouent avec notre santé, organisent la rareté des spécialistes pour justifier des honoraires délirants. Ils se regroupent au soleil ou dans les grandes villes pour interdire à d'autres de bénéficier de leurs soins.

Et si par hasard ; des gens viennent à s'indigner de leurs pratiques dévastatrices, du mépris affiché par la réalité économique des familles, ils se drapent dans leur dignité outragée, parlent de la longueur de leurs études, de la cherté des assurances, des coûts de la profession, des dépenses incompressibles, des charges salariales. Ils oublient de dire qu'ils se goinfrent quand ils accordent une misère à leurs collaborateurs et certains poussent l'indécence à opérer avec des personnels non qualifiés.

Il y a tout à repenser sur ce dossier. Quand on arrive dans un centre de soin, on a le sentiment de devenir un mouton à tondre. La relation humaine a disparu, la médecine n'est qu'une question d'argent. Le Carabin braque sa carabine sur nous : Faites un chèque mon bon monsieur. Contrairement à ce qu'on prétend, la santé a un prix, celui de la honte et du parjure.

Dépassement vôtre


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