Celance : un autre scandale dans l’industrie pharmaceutique ?

par Lucie
samedi 30 avril 2011

L'affaire du Mediator aura agi comme un révélateur des pratiques dans le monde de la santé et du médicament. Mais peut-être que le déchaînement médiatique a occulté d'autres scandales que tout le monde règle en coulisses, à l'abri du regard du public. Dans le cas du Celance (pergolide) ont peut effectivement se poser quelques questions

Le Celance® (pergolide) est un médicament dérivé de l’ergot de seigle utilisé pour le traitement de la maladie de Parkinson.

Les dérivés de l’ergot de seigle sont utilisés depuis longtemps en pharmacie. En particulier, ceux basés sur l’ergoline (substance qui sert également à produire le L.S.D.) qui servent ou ont servi à traiter migraines et maladie de Parkinson. 

Développé par le laboratoire américain Eli Lilly, le Celance® a été mis sur le marché aux Etats-Unis en 1989, et en France en 2000 (alors que l’autorisation de mise sur le marché date du 13 février 1995).

Valve disease associated with ergot alkaloid use : echocardiographic and pathologic correlations, Annals of Internal Medicine, 1992).

En 2003, une publication du Mayo Clinic Proceedings (The US Food and Drug Administration’s registry of patients with pergolide-associated valvular heart disease, Mayo Clinic Proceedings, 2003 ;78:730-731) fait état, fin 2002, de 15 cas de valvulopathies cardiaques signalées au laboratoire américain et à l’agence du medicament américaine. Onze de ces cas provenaient de pays européens, notamment la Belgique. Cet article a été largement repris dans des publications ultérieures avec au moins 33 citations dans des publications majeures dans les années qui ont suivi.

[1] . En France, l’AFSSAPS renforce la surveillance du médicament et encadre plus strictement la prescription, mais maintient le médicament sur le marché français.

Officiellement, aucun cas de valvulopathie sous pergolide n’a été détecté en France, cependant l’AFSSAPS a décidé, suite à deux réunions du Comité technique de pharmacovigilance les 11 janvier 2011 et 8 février 2011, de lancer une enquête officielle de pharmacovigilance sur le risque de fibrose et de valvulopathies associés aux dérivés ergotés. Cette décision intervient alors même qu’Eli Lilly informait l’AFSSAPS de son intention de retirer le Celance® du marché français, retrait qui sera effectif le 2 mai 2011.

Il est difficile de ne pas faire le lien avec l’affaire du Mediator® également pointé du doigt pour le risque de valvulopathies. Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger sur plusieurs éléments :

Pour mémoire, les valvulopathies sous Mediator ont fait l’objet de 8 signalements dans le système de pharmacovigilance français. Et les études réalisées à la suite de celle d’Irène Frachon, montre qu’en France le nombre de victimes pourrait se monter à 500 voire 2000 morts. Avec 15 cas signalés entre 1989 et 2002, on peut légitimement s’interroger sur le nombre réel de victimes du pergolide même en France où aucun cas n’est officiellement déclaré. Et il est alors étonnant que le retrait du Celance® s’opère dans un tel silence et en l’absence de déclaration officielle du Ministre de la santé.



[1] Extrait du communiqué de l’AFSSAPS du 30 mars 2007 « Maladie de Parkinson – retrait du marché américain des spécialités contenant du pergolide ».


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