Ces clandestins qui nous envahissent...

par citoyen
samedi 30 août 2008

Que pouvons-nous faire contre ces clandestins qui nous envahissent ?

Le Blog Citoyen n’a pas vocation à être alarmiste, mais quand il s’agit de sécurité nationale voire de sécurité internationale, je pense que le dicton « la fin justifie les moyens » prend alors tout son sens. Et nous avons de quoi être inquiets face aux dangers que nous encourons, face à ces hordes de clandestins qui franchissent nos frontières sans autorisation préalable, sans passeport et menacent directement notre sécurité et notre santé. Car j’ai nommé la trichinellose, l’échinococcose alvéolaire, la bothriocéphalose, tous ces parasites qui nous menacent, nombre d’entre eux comme la toxoplasmose ou le cyclospora cayetanensis se révèlent être de parfaits opportunistes profitant que nos défenses et notre immunité contre ses hôtes étrangers sont au plus bas. Bien sûr, à nos yeux aigris, la trypanosomiase ou la dracunculose nous apparaissent comme des dangers bien lointains mais ne restons pas campés sur nos croyances, les frontières sont perméables. Pour s’en persuader, il suffit de voir la progression du désormais fameux Aedes albopictus.

Si j’en viens à vous parler de ces hordes barbares, c’est bien évidemment pour vous effrayer, la peur est finalement le premier et le meilleur levier de la prévention (bon je sais, il est vrai que le Pape en use aussi pour prêcher l’abstinence en terre d’Afrique comme meilleur moyen d’éradiquer le Sida), mais aussi et surtout pour vous sensibiliser à ces maladies dont on parle finalement si peu en regard du nombre de personnes soumises à leurs effets[1]. En effet, du 24 au 28 août se tient à Paris le Xth l’European Multicolloqium of Parasitology accueillie par la Société Française de Parasitologie à la cité universitaire de Paris des experts internationaux, pour faire le point sur les aspects médicaux, thérapeutiques, vétérinaires et scientifiques des parasitoses.

Or, deux informations éclairent d’un jour particulier cette actualité qui tient quelques dizaines de secondes au journal télévisé de France sur le thème précis mais bien réel de la toxoplasmose.

Le premier sujet concerne justement l’une de ces maladies parasitaires, le paludisme. Et s’il n’y avait Jean Daniel Flaysakier pour en parler sur son blog et quelques articles passés quasi inaperçus sur Google santé, disons-le l’information serait restée inaudible. La Direction générale de la Santé (DGS) a annoncé mercredi que le Centre national de référence (CNR) a confirmé mardi en fin d’après midi le diagnostic de paludisme chez un couple de jeunes Parisiens n’ayant pas voyagé dans une zone impaludée et qui auraient contracté la maladie après avoir séjourné près de l’aéroport de Roissy. Il est précisé qu’une recherche du moustique vecteur, l’anophèle, a été faite autour du lieu de vacance des deux personnes situé à Saint-Raphaël afin d’écarter cette hypothèse. Pour autant, la cause la plus probable est liée au fait souligné dans le communiqué de presse de la DGS « précédemment, ces deux personnes auraient séjourné à 7 kilomètres de l’Aéroport de Roissy Charles de Gaulle du 5 au 7 août, puis en Normandie entre le 8 et le 12 août. » Nous sommes donc face à un cas typique de ce que l’on désigne sous le nom de « paludisme autochtone », situations qui fait l’objet de signalements depuis au moins 2001. Cette réapparition intervient alors qu’en 1975, l’OMS avait déclaré que le paludisme avait été éradiqué du continent européen. Personnellement, pour habiter à proximité du même aéroport, certes un peu plus loin mais depuis beaucoup plus longtemps, je ne comprends pas trop le sens de la remarque de la DGS. Que doivent penser les populations qui vivent à proximité de cet aéroport en permanence ? Et que vient faire la Normandie dans la discussion ? Mystère ! Alors si on peut comprendre que cette information passe finalement sous silence, le Blog Citoyen n’en oubliera pas de rappeler qu’avec 300 à 500 millions de malades et 1,5 à 2,7 millions de décès par an, le paludisme demeure la parasitose tropicale la plus importante. 80 % des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne, où ils concernent majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Voilà une information qui ne fait pas suffisamment la une de nos informations.

Le second sujet est en soi tout aussi significatif des priorités qui sont celles du Gouvernement français dans son aide à la recherche et son sens raffiné de la diplomatie. Les organisateurs du congrès européen de parasitologie évoqué ont ainsi déploré les difficultés qu’ont eues certains de leurs collègues étrangers pour y assister au motif des difficultés qu’ils ont rencontré quant à d’obtention de visas. Selon les organisateurs du colloque, certains collègues étrangers, principalement une soixantaine de chercheurs iraniens, ont rencontré des difficultés humiliantes et insurmontables pour obtenir leurs visas. Ayant reçu ces documents au dernier moment, la plupart ont du annulé leur venue en France. Il est regrettable que les logiques politiques interférent avec des échanges scientifiques normaux et démentir ainsi la tradition d’accueil de la France. On peut se demander quel est le sens de ces décisions !? Sont-elles le résultat de tergiversations dont on voit quelles sont monnaies courantes au sommet de l’Etat (je reçois, je reçois pas le Dalaï-lama, etc.) ? Sont-elles des mesures de rétorsion à l’égard d’un pays envers lequel la communauté internationale exprime de forts objectifs quant à son programme nucléaire ? Mais alors quels rapports ? Et quelle efficacité ?[2]

A l’heure où les maladies parasitaires touchent déjà des centaines de millions d’individus à travers le monde, un certain nombre sont en émergence ou réémergence en particulier en Europe (c’est le cas des maladies parasitaires ou virales véhiculées par des insectes comme la leishmaniose, le Chikungunya, le West Nile, la maladie de la langue bleue du mouton ... ou par le biais de parasites transmis par l’alimentation ou l’eau de boisson : cryptosporidies, Giardia et Toxoplasma), la France devrait être plus mesurée dans sa gestion diplomatique de l’attribution des visas … à moins que ces aléas ne soient le résultat de la crainte démesurée de ces clandestins qui nous envahissent …



[1] Il est ainsi estimé que plus d’un tiers de l’humanité est soumis au risque de contamination de maladies parasitaires. Plus particulièrement dans les zones intertropicales.

[2] On lira à ce sujet l’article de Thierry Coville, professeur à Advancia-Negocia et chercheur associé à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), paru dans les Echos le 13 août au sujet du faible impact des sanctions contre l’Iran


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