De l’héroïne bientôt dans nos assiettes ?

par Allain Jules
jeudi 13 novembre 2008

Les Talibans dont tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui qu’ils sont incontournables, de Washington à Londres, en passant par Paris ou Kaboul, ont demandé au président américain élu, Barack Hussein Obama, de rompre avec la politique internationale du futur ex-président des Etats-Unis, George W. Bush. Ce sont les services américains qui ont le contrôle des sites dit islamiques, qui en font la révélation. Les anciens maîtres de la République islamique d’Afghanistan vont-ils revenir sur le devant de la scène lorsqu’on sait que le nouvel homme fort de l’Amérique veut plutôt renforcer la présence militaire des forces internationales ? La montée récurrente de la culture du pavot depuis l’arrivée au pouvoir de l’homme-lige des Etats-Unis, Hamid Karzaï, pourra-t-elle un jour s’arrêter sans les Talibans, avec leurs méthodes douteuses certes ? C’est moins sûr. Personne n’ose prendre à bras-le-corps le fléau de l’héroïne qui, rappelons-le, est surtout consommé en Occident, tout particulièrement en Grande-Bretagne en ce qui concerne l’Europe. Bientôt dans nos assiettes ?
La province d’Helmand, au sud ouest de l’Afghanistan, sous contrôle des forces britanniques au sein de l’OTAN, est le berceau et la plaque tournante de la quasi-totalité de l’opium illégal. De façon exponentielle, la production augmente. Le boom des récoltes entre 2007 et 2008 est de l’ordre de 15900 tonnes, soit les 90% de la production mondiale, selon des informations rendues publiques par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). Ce dernier lance un véritable cri d’alarme. Les opiacés circulent, semble-t-il, librement, malgré les « efforts » de l’armée afghane qui parfois organise, devant les caméras du monde entier, des destructions, très médiatisées donc, de certains champs, mais qui n’arrive pas malgré tout à éradiquer le mal. Malgré des incitations à passer à autre chose, malgré les menaces des autorités, rien n’y fait.
 
La mise en place d’une reconversion des cultivateurs de pavot ne porte pas vraiment ses fruits. Ces différents écueils sont la conjugaison de plusieurs facteurs, externes et internes, donc, parfois interdépendants : hausse du prix de l’essence, baisse du prix de certains produits agricoles qui périclitent en plus, oignon, raisin, pastèque, cerise, abricot ou encore melon, insécurité, pénurie d’eau, enclavement dû au mauvais état des moyens de communication routière. Ajoutez à cela la crise financière qui frappe de plein fouet les bourses mondiales, rien ne s’arrangera vraisemblablement de sitôt. Sans doute, la situation actuelle ne trouvera pas vraiment une solution miracle.
 
Au-delà des problèmes de santé qui se posent avec acuité, notamment les problèmes d’addiction, une réelle saignée est visible. Les études basées sur le cas spécifique de la Grande-Bretagne montrent que, par an, il y a au moins 2000 morts, suite à la consommation d’héroïne. Un autre risque point à l’horizon, c’est une épée de Damoclès sur la tête de tous ceux qui luttent contre la montée épidémique du trafic de l’opium. Un réseau bien structuré est mis en place, entre l’Afghanistan et l’Europe. Passage classique vers le Pakistan jusqu’en Turquie, puis l’Europe. La question est de savoir réellement qui contrôle quoi. Là, bizarrement, pas de réponse. Apparemment, ce sont bien les Européens eux-mêmes, avec la complicité de certaines autorités afghanes, très proches du pouvoir, qui s’y collent...
 
Comment en est-on arrivé là, si ce n’est simplement une question idéologique. Guerre froide entre le bloc Est et le bloc Ouest de la planète, avec des Occidentaux peu regardants sur leurs appuis d’antan, de Massoud en passant par les « madrasas boys » talibans et/ou Ben Laden, pour simplement mettre en déroute l’armée russe en territoire afghan. La folie des hommes avait fait le reste et aujourd’hui, justement, ce sont les Occidentaux qui payent le lourd tribut de ce fléau grandissant.
 
De là à ce qu’on ait bientôt dans nos assiettes des préparations psychotropes, il n’y a qu’un pas. La note sera sans aucun doute très salée. Quand on connaît les effets sédatifs de la substance, certains parleront même du bien-être que ça apporte aux uns et aux autres, pour ne pas gêner le régime de Hamid Karzaï, au détriment surtout de nos enfants. A défaut, considérant que ce produit à bien des égard entre dans la fabrication de certains barbituriques et autres benzodiazépines à base de morphine, ne laisserons-nous pas tomber, subissant encore et toujours le mal ?
 

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