Des pommes, des poires, mais pas n’importe quoi
par olivier cabanel
vendredi 6 mars 2009
On vous le répète à longueur d’antennes : 5 fruits et légumes par jour.
Cette « règle absolue » serait la garantie de nous maintenir en bonne santé.
Sauf qu’il y a légume et légume !
Ceux qui nous sont proposés viennent pour la plupart de grandes exploitations dans lesquelles on ne mégote pas avec les insecticides, les pesticides et autres joyeusetés.
La France est en tête du bataillon des empoisonneurs européens avec 75000 tonnes de pesticides par an.
103 tonnes de pesticides parmi les plus dangereux et donc illégaux ont été découverts, et devraient quitter nos assiettes avant la fin 2009.
Le bio dont tout le monde parle reste dans notre pays à l’état d’épiphénomène avec seulement 2% des terres cultivées, alors que nos voisins espagnols et italiens sont dans les 15%.
Et quand bien même le consommateur choisisse le bio, il reste menacé par les pesticides depuis qu’une enquête d’AirParif a révélé qu’entre 25 à 75 % des pesticides épandus en Beauce, se retrouvent dans l’air de l’Ile de France, portés par le vent jusqu’à Paris.
François Veillerette, président de l’association MDRGF a lancé l’alerte, avec d’autres depuis des années, sans que cela fasse trop réagir les gouvernements qui se suivent et se ressemblent.
(Pesticides, révélations sur un scandale français, éditions fayard 2007)
Le raisin, la poire, et le poivron décrochent le pompon des légumes et fruits les plus pollués : jusqu’à près de 20 % pour le raisin.
Ils reçoivent pour certain (la pomme) jusqu’à 27 traitements avant d’être proposés à la consommation.
Laver et peler fruits ou légumes ne change rien, car certaines mollécules dangereuses peuvent pénètrer dans ceux-ci jusqu’à 8 millimètres de profondeur.
Une bonne partie de ces pesticides se retrouvent dans le sol, puis dans la nappe phréatique.
En Isère, j’ai constaté pendant plusieurs années un dépassement de la norme autorisée en pesticides, sans que cela ait provoqué ni l’arrêt de la distribution d’eau, ni des mesures de dépollution.
Les pesticides, comme par exemple l’arsenic de soude, utilisé pour le traitement de la vigne, est un cancérogène reconnu.
La commission européenne est montée sur ses grands chevaux et annonce un contrôle plus sévère…. à partir de 2011.
Mais en même temps, l’Union Européenne a modifié le 1 septembre la LMR (limite maximale en résidus de pesticides) : elle devient 40 fois supérieure à celle pratiquée en France auparavant.
Une autre conséquence des pesticides est tout aussi dramatique, puisqu’ils sont responsables de la féminisation des espèces (voir mon article « ou sont les hommes ? ») et sont responsables de la diminution parfois de moitié du nombre de spermatozoïdes chez l’homme.
Pour ceux qui choisiraient de ne consommer que des fruits et des légumes en provenance de nos lointaines colonies, il faut vite les en dissuader.
En effet, la Chlordécone a fait des ravages là-bas. (Voir mon article « régime dur pour les bananes »).
Ce pesticide a été pulvérisé abondamment sur les bananeraies depuis des années.
On estime qu’aux seules Antilles, il en aurait été répandu 1250 tonnes, et qu’il faudra au moins 7000 ans pour nettoyer le terrain, et les rivières.
Ce pesticide interdit aux Etats Unis depuis 1976, à été utilisé en France depuis 1981. il n’a été interdit qu’en 1990, les Antilles ayant obtenu une dérogation, pour prolonger son utilisation jusqu’en 1993. (pourtant le Chlordecone est classé cancérigène possible depuis 1979).
Le problème n’est plus lié seulement à la seule contamination des bananes, mais aussi à celle du sol et des autres végétaux, lesquels continuent d’absorber les pesticides : les plus touchés sont ceux qui poussent dans la terre, Manioc, Patates douces, igname, mais aussi les cucurbitacés contaminés, à dose moindre, il est vrai.
Le cancer qui, rappelons le, touche un Français sur trois, coûte entre 3000 et 6000 € par mois et par patient à la sécurité sociale.
Raison pour laquelle, en toute discrétion, le gouvernement vient de publier un décret limitant le remboursement des soins aux cancéreux dans certaines conditions.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020315160
http://www.legifrance.gouv.fr:80/jopdf//jopdf/2009/0227/joe_20090227_0044.pdf
http://www.legifrance.gouv.fr:80/jopdf//jopdf/2009/0227/joe_20090227_0044.pdf
Car comme disait un vieil ami africain : « ce sont les gens qui cherchent les problèmes, et pas le contraire ».