Des troubles de l’odorat pour prévenir la maladie d’Alzheimer

par fleuve23
mercredi 31 octobre 2007

La perte de l’odorat autrement appelée anosmie, jusqu’ici peu connue, risque de gagner en intérêt scientifique. Il s’avère qu’une mauvaise reconnaissance d’odeurs pourrait être un symptôme de la maladie du vieillissement de la mémoire.

Pertes de mémoire, oublis de plus en plus fréquents et le diagnostic est souvent sans appel : Alzheimer. Jusqu’à maintenant, seuls ces symptômes permettaient de détecter le mal. Mais selon Laurent Vazel, ORL chef de clinique au centre hospitalier de Brest et spécialisé dans la chirurgie nasale, on pourrait dépister la maladie à partir de certains troubles liés à la reconnaissance d’odeurs.

«  Mais, ce n’est pas de la vanille que vous sentez, c’est du chocolat !  » Si cette « faute de goût » peut dans un premier temps faire sourire, elle permet d’établir une nouvelle hypothèse en matière de dépistage de la maladie d’Alzheimer. En effet, si aucun traitement n’a été à ce jour mis au point pour éradiquer la dégénération des cellules cérébrales, on peut néanmoins ralentir ses effets d’autant plus efficacement qu’elle est diagnostiquée précocement.

Or «  on s’est aperçu que des patients se trompant sur l’identification des odeurs étaient plus sujets à développer la maladie  » explique Laurent Vazel qui va bientôt rejoindre le centre de Fréjus où se développera en 2008 un pôle ORL dédié au dépistage d’Alzheimer.

Le dépistage précoce favorise le ralentissement de la maladie

Cette analogie entre certains profils et la pathologie confirme d’ailleurs les conclusions amorcées en 2004 par Pierre Bonfils, ORL à l’hôpital parisien Georges Pompidou. A travers un test olfactif nommé Biolfa, ce spécialiste en chirurgie cervico-faciale détermine le seuil olfactif et quantifie les facultés de reconnaissance. Pour le docteur Vazel, les résultats sont doublement intéressants : s’ils peuvent révéler des cas d’anosmie, ils peuvent aussi prévenir Alzheimer. Cette découverte a priori anodine prend tout son sens dans la mesure où ces patients sont généralement plus jeunes que ceux consultant pour des troubles de la mémoire. «  Il faut donc développer la collaboration entre le travail des gériatres, neurologues et spécialistes en ORL  » poursuit-il. La corrélation entre les deux sciences permettrait de détecter plus tôt Alzheimer et donc d’optimiser les traitements.

Un plan Alzheimer verra le jour en 2008

Cette méthode encore à ses balbutiements en France, a besoin d’autre part de davantage de moyens financiers, selon le docteur Vazel qui s’inquiète de l’augmentation du nombre de malades  : «  Aujourd’hui, 860 000 en France, ce chiffre pourrait atteindre les deux millions en 2040. Déclarée Grande Cause nationale de l’année 2007, cette maladie neurodégénérative touche de plus en plus de personnes chaque année, 225 000 nouveaux cas apparaissent chaque année.  » C’est parce qu’il devient urgent d’aider la recherche qu’un plan Alzheimer a été d’ailleurs mis en place. Début 2008, seront débloqués des fonds qui auront pour vocation de multiplier les tests et ainsi de parvenir à un diagnostic précoce et à un traitement plus efficace.

En plus que de favoriser la prévention, le plan Alzheimer permettra d’approfondir et d’accélérer les recherches concernant notamment une greffe de cellules. Notre système olfactif se régénérant tous les trois mois, les scientifiques étudient la possibilité de transplanter des cellules nerveuses fraîchement reconstituées sur des malades.

Ces découvertes et l’initiative gouvernementale ravivent les espoirs. Laurent Vazel se réjouit des progrès qu’elles entraîneront dans un futur proche. On ne considérera bientôt plus Alzheimer comme une fatalité.

Delphine Laure


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