Gazon maudit ?
par Yohan
vendredi 28 novembre 2008
L’Italie s’émeut actuellement d’une malédiction qui frapperait sélectivement des anciens footballeurs pro du calcio. Une histoire proprement incroyable à vous glacer le sang.
Au début du mois de septembre, une émission spéciale diffusée sur la chaîne Sky Sport 24 révèle au grand public le cas de Stefano Borgonovo, un ancien footballeur pro, atteint à 43 ans de la maladie de Charcot, une pathologie rare, à caractère héréditaire, qui s’attaque au système nerveux central en paralysant les muscles. Autrement appelée SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique), cette maladie rapidement mortelle touche habituellement des personnes âgées de plus de 55 ans.
On se dit alors pourquoi pas un footballeur....tout autant qu’un notaire...
Sauf que dans le cas présent, il apparaît que le ratio de footballeurs professionnels de moins de 50 ans, touchés par cette effrayante maladie dans la péninsule, dépasse l’entendement.
L’histoire prend source au début des années 90, à l’heure des premières révélations de dopage entachant la série A du calcio.
La justice est saisie qui nomme le procureur Guariniello pour tenter de faire la lumière sur ces pénibles affaires qui nuisent à la réputation du sport italien.
C’est au terme d’une fastidieuse étude épidémiologique, une plongée au coeur du football professionnel, que l’incroyable chiffre tombe : un footballeur du calcio aurait sept fois plus de chance d’être un jour frappé par la SLA que le quidam de la rue.
La statistique a ceci d’implacable qu’elle recèle parfois des données qui confinent à la blague de mauvais goût : Il est démontré cette fois qu’un milieu de terrain y serait nettement plus exposé qu’un arrière latéral.
A en perdre son latin. Car, à première vue, foin de SLA dans le foot amateur transalpin, pas plus que dans d’autres sports sur gazon, en Italie comme ailleurs.
Le malin aurait donc choisi une cible étonnamment précise : le footballeur milieu de terrain pro, retraité de moins de cinquante ans, ayant joué exclusivement dans un club de série A transalpin. Une quarantaine de victimes en Italie contre un seul cas en Angleterre et deux en France dit-on, assez pour frapper l‘imagination d‘un peuple, grand amateur de foot devant l’éternel.
Ceci étant, en cherchant plus loin, on trouvera quelques cas isolés dans les milieux sportifs, en Amérique du Nord notamment, qui permettent d’établir des corrélations et quelques hypothèses, au demeurant tout aussi recevables que navrantes : combinaison de facteurs déclenchants...
Sont accusés en vrac, l’usage intensif de produits illicites, le gazon traité aux pesticides, l’engrais reverdissant et le surentraînement des joueurs de haut niveau.
On se perd quand même en conjectures, car s’il est établi que la maladie affecte plutôt les sportifs hyperactifs, et notamment ceux qui font usage d’anabolisants, alors pourquoi le calcio devrait-il à lui seul capitaliser la malédiction ?
La piste de la maladie agricole est donc pour l’heure privilégiée, pesticides, gazon maudit, mais les médecins restent encore sceptiques, la recherche étant loin d’être achevée.
Peu à peu, la panique gagne dans le petit monde du football professionnel, et notamment chez nos anciens expatriés et valeureux vainqueurs de France 98.
Les Zidane, Deschamp, déjà sur le grill des enquêteurs transalpins, ont tout lieu de se montrer inquiets, face à ce qu’il est convenu d’appeler une malédiction ciblée.
Nul dépistage n’évitant totalement le danger, il est préférable d’imaginer que pareille menace puisse déboucher sur une profonde remise en question de certaines pratiques et dérives déjà dénoncées dans le foot comme dans le sport de haut niveau.
Que nenni ! Pour l’heure, il semble que nos stars du ballon rond jugent plus opportun de s’en remettre au talent des chercheurs.
C’est ainsi que Canavarro, capitaine vainqueur de la dernière coupe du monde, aurait récemment suggéré de consacrer 1% des recettes du football à cette recherche très très ciblée.
Un match de solidarité pour Stefano Borgonovo était organisé le 8 octobre 2008 entre d’anciens joueurs du Milan AC et de la Fiorentina, les deux clubs où évolua le joueur malade. C’est la star italienne Roberto Baggio qui conduit Stephano Borgonovo dans son fauteuil pour le présenter aux équipes.