Grève des médecins
par Dominique Getner
dimanche 4 janvier 2015
Grève des médecins.
De plus en plus d'assurés sociaux sont dans une situation de grande précarité, chômage, faibles revenus et par conséquent sont confrontés à des difficultés d'accès aux soins. Marisol Touraine, ministre de la santé propose de généraliser le Tiers Payant, qui permettrait aux patients de ne pas avoir à avancer les frais de consultation, le praticien se faisant rembourser directement par la sécurité sociale.
Depuis l'annonce de ce projet, nous assistons à une levée de boucliers de la part des médecins qui s'inquiètent d'être payés en retard. Cette attitude est pour le moins bizarre car la sécurité sociale sera tout à fait préparée à cette réforme.
Que se passe-t-il en ce moment ? La grande partie des médecins est classée en secteur 2 et pratiquent donc des dépassements d'honoraires plus ou moins importants. Lorsque le patient paye lui même sa consultation, il ne fait pas forcément attention à la somme payée car le dépassement n'apparaîtra que sur le relevé envoyé par la « sécu ».
Que cache donc ce refus ? Si le Tiers Payant se généralise, les médecins du secteur 1 (ne pratiquant pas de dépassement d'honoraires), factureront leur acte à la « sécu » en toute transparence. Pour ce qui concerne les médecins du secteur 2, il en va tout autrement : Ils factureront l'acte à la « sécu », comme en secteur 1, MAIS ne feront payer aux patients QUE le montant de leur dépassement. Ce faisant, les malades auront immédiatement connaissance de ce montant (qui est souvent très exagéré). Ce refus est donc motivé par de basses considérations vénales et les pseudo raisons de retards administratifs ne sont qu'un prétexte cachant les véritables motivations de ces médecins qui ont, doit on leur rappeler, prêté le serment d'Hyppocrate. Cette attitude est d'autant plus condamnable que ces médecins grévistes profitent d'un mouvement des urgentistes tout à fait légitime, compris par les patients qui constatent tous les jours l'absence des moyens octroyés aux services hospitaliers. Ils entretiennent par là la confusion entre les revendications légitimes des urgentistes et les intérêts personnels des médecins libéraux.
On le voit, cette grève est très discutable. Un de mes amis, médecin en secteur 1 est lui aussi en grève mais pour des raisons très différentes : Il s'inquiète pour les patients de voir la France devenir, à court terme, un désert médical. Il souhaite voir disparaître le secteur 2, la suppression du numerus clausus, et que, compte tenu de la gratuité de la formation, payée par l'état et donc les contribuables, un contrat soit signé par le futur médecin, l'obligeant à exercer au moins cinq années dans un secteur géographique imposé.
Sur 28 pays de l'Union Européenne, seuls 4 ne pratiquent pas le Tiers Payant (Belgique, Luxembourg, France et la Suède qui fait payer le patient jusqu'à 90 euros dans l'année, ensuite, le tiers payant s'applique).
La menace de blocage de la sécurité sociale par le refus de la carte vitale et l'envoi massif de feuilles de maladie est scandaleuse car les retards générés par cette attitude indigne pénaliseront les patients les plus faibles. Pour les médecins, nantis, leur vie n'en sera pas changée. Il s'agit d'un conflit entre leur conscience et eux-même.
Si nous avions affaire à des médecins libéraux vraiment préoccupés par le sort de leur patients (au nom du serment d'Hyppocrate), ils se poseraient publiquement la question de leur remplacement après leur départ en retraite, à une juste répartition géographique de façon à éviter les déserts médicaux de plus en plus nombreux, soutiendraient leurs collègues urgentistes en reprenant les gardes, abandonnées depuis des années, allégeant par là , ces services d'urgence.
Pour conclure, je dirais que cette grève me fait penser à un mouvement orienté contre une politique, plutôt qu'a une légitime revendication. Nos chers médecins sont arc boutés sur des positions conservatrices. Si la loi est adoptée, les patients devront imposer ce tiers payant à leur médecin traitant.
Dominique Getner