Grippe aviaire : ce que vous devez savoir
par citoyen
jeudi 6 octobre 2005
Après avoir constitué hier une commission d’information spécifique
relative à la grippe aviaire, les députés ont entendu le ministre de la santé. Ils ont pu ainsi apprendre que Sanofi Pasteur et Chiron avaient
remporté le premier appel d’offres français de réservation de vaccin
contre la grippe pandémique. Au même moment , Jean-Phippe Derenne, chef
de service à La Salpetrière, était l’invité du 13 heures de France2 au
sujet de son livre "Pandémie, la grande menace"
Peut-on pour autant dire que la France est prête à faire face à la plus vaste pandémie depuis des lustres ? A vous de voir ...
Xavier Bertrand, le ministre de la santé, a été entendu pendant une
heure et demie sur les risques de pandémie de grippe d’origine aviaire
par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de
l’Assemblée nationale, en présence de la presse. Il a été rappelé que
la France a lancé fin 2004 un appel d’offres concernant la réservation
de 20 à 40 millions de doses de vaccin contre la grippe pandémique, qui
ne pourront être fabriquées que plusieurs mois après l’isolement du
virus muté ou réassorti pandémique.
Le montant de l’offre a été gardé secret. On sait cependant que Sanofi
Pasteur remporte un lot de 28 millions de doses et Chiron de 12
millions.
Xavier Bertrand a indiqué que le contrat était en cours de modification,
afin d’assurer la vaccination de toute la population, puisque fin août,
le premier ministre, Dominique de Villepin, avait annoncé une
modification des contrats dans ce sens, précision importante dans un
contexte de plus en plus alarmiste sur le risque de pandémie.
Le ministre lui-même a exprimé certaines craintes auprès des parlementaires.
Tout d’abord, si l’on peut se féliciter de l’annonce de l’attribution de l’appel à deux laboratoires permettant de garantir à terme l’accès pour la France au vaccin, l’engagement du gouvernement à disposer d’un nombre de vaccins suffisant pour couvrir l’ensemble de la population française risque de faire figure de miroir aux alouettes, compte tenu du contexte du marché. En effet, le ministre a dû reconnaître qu’à l’exception de Sanofi et de Chiron, les autres laboratoires pharmaceutiques n’étaient pas aussi avancés. Il a également reconnu que la capacité de production des laboratoires n’était pas à ce jour en capacité de couvrir les besoins.
Le ministre de la santé s’est ainsi montré particulièrement prudent sur la perspective d’obtenir la livraison effective desdits vaccins. En effet, la crainte pèse aujourd’hui sur l’éventualité de la contamination des œufs servant d’incubateurs au futur vaccin. Afin d’éviter toute contamination de ces œufs, le ministre a ainsi indiqué avoir fait recenser un certain nombre de sites qui seront en mesure d’assurer la sécurisation de la production du vaccin.
Quant aux stocks d’antiviraux, Xavier Bertrand a rappelé que, fin 2004, la France avait commandé "13,8 millions de traitements antiviraux de type Tamiflu* [oseltamiviroseltamivir, Roche] qui seront disponibles à la fin 2005", et que d’ores et déjà, une partie se trouvait sur notre territoire.
Interrogé sur la place de l’autre antiviral zanamivir (Relenza*, GlaxoSmithKline), le ministre de la santé a reconnu qu’il avait "approximativement la même efficacité" que l’oseltamivir, tout en soulignant les différences d’administration, de traitement et de stockage. 200.000 traitements de zanamivir, qui devraient être disponibles pour la fin 2005, ont ainsi été commandés par la France.
Là aussi, des négociations sont en cours, afin de permettre à la France d’obtenir des stocks suffisants pour couvrir l’ensemble de la population.
Concernant les masques de protection FFP2 pour les professionnels de santé, le Premier ministre avait annoncé, fin août, une augmentation du stock, passant de 50 millions d’unités à 200 millions d’unités pour le début 2006, avec également un développement de la capacité nationale de production de masques, pour atteindre les 600 millions d’unités en cas de pandémie. Cet objectif paraît à ce jour particulièrement irréaliste, d’autant que le ministre de la santé a dû reconnaître que la capacité de production au niveau mondial était justement de 600 millions de masques ! Ainsi, à ce jour, seul le stock de 50 millions de masques devrait être livré d’ici fin octobre. Rappelons que l’efficacité de ces masques est malheureusement limitée à quelques jours ...
On ne peut donc pas dire que la France ne fasse rien en la matière, mais beaucoup de motifs d’inquiétude ont été soulevés par nos députés.
Pour prolonger votre information, nous vous conseillons également de lire le livre de Jean-Philippe Derenne, chef de service de pneumologie et de réanimation de La Salpetrière, et de François Bricaire « Pandémie la grande menace, grippe aviaire 500 000 morts en France ? »
« L’Organisation mondiale de la santé a annoncé le 2 septembre que le risque de pandémie grippale est grand, qu’il va durer, que les moyens de l’éviter sont faibles, et que les traitements manqueront. Cela conforte les craintes de la communauté scientifique, et, en premier lieu, celles des deux plus prestigieuses revues, Sciences et Nature.
La dernière pandémie, la grippe espagnole, a tué entre 50 et 100 millions de personnes en 1918-1919, et , si rien n’est fait, c’est par dizaines de millions qu’on pourrait compter le nombre de victimes de la grippe aviaire.
Il n’y a cependant pas de fatalité, et des moyens existent pour y faire face.
Dans ce livre, deux éminents spécialistes des maladies respiratoires et infectieuses font le point sur les aspects les plus récents de la grippe, sur les virus et les risques de mutations, sur les traitements et les stratégies. Ils expliquent pourquoi et comment l’actuelle maladie des oiseaux peut devenir humaine.
Ils montrent les conséquences médicales et non médicales de la lutte contre la pandémie, et pourquoi elles impliquent le politique à son plus haut niveau.
Ils décrivent les moyens dont dispose une démocratie pour affronter cette épreuve. Loin d’être alarmiste, ce livre est un message de confiance et d’espoir. ( source : Éditions Fayard)