Ile de La Réunion : le chik toujours d’actualité

par Henry Moreigne
jeudi 2 novembre 2006

Comme la métropole, l’Ile de La Réunion a célébré, le 31 novembre, la fête de la Toussaint. Tous les saints ou presque. A l’exception peut-être de Saint Bertrand. Alors que le ministre de la Santé homonyme effectuait sa quatrième visite dans l’île, les habitants étaient invités à ne pas arroser les fleurs dans les cimetières pour éviter le développement des larves de chikungunya. Un an après le début de l’épidémie, le membre du gouvernement a dû reconnaître que, contrairement aux promesses, il n’avait dans ses bagages ni vaccin, ni médicament contre le chik.

« Et votre promesse de médicament, Monsieur Bertrand ? », titrait dans son édition du 30 novembre Clicanoo.com, le support numérique du Journal de l’Ile. L’amertume des Réunionnais est compréhensible. Si les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent, elles suscitent immanquablement de l’espoir. Ils attendaient de bonnes nouvelles, ils ont eu droit à un discours à la Churchill. Charisme et panache en moins. Xavier Bertrand venu sur l’île à l’occasion de l’opération « Kass’ moustik » a seulement appelé à la vigilance et à la mobilisation. La question du médicament a soigneusement été évitée. Le mot d’ordre des autorités est bien aujourd’hui la démoustication.

Enfonçant des portes ouvertes, Xavier Bertrand a insisté sur l’importance « que chacun prenne bien conscience que c’est le moustique le vecteur du chikungunya ». A l’inverse, le ministre a été très évasif sur les avancées de la recherche, déclarant seulement que Sanofi-Pasteur était intéressé par le développement industriel du vaccin anti-chik et que cinq années de recherches avaient été gagnées en récupérant un vaccin expérimenté aux États-Unis. Un vaccin qui, à ses yeux, est une priorité à moyen ou long terme.

Pas plus rassurant, le ministre a habilement esquivé la question du délai de mise à disposition d’un médicament préventif et curatif contre le chik, pourtant promis depuis Paris pour fin 2006, début 2007. Officiellement les tests sont loin d’être terminés, faute d’un nombre suffisant de patients pour réaliser les essais cliniques... Les Réunionnais ont apprécié.

Mais, en fin politique, le ministre était venu avec sa botte secrète. Un contact aurait été pris avec les autorités indiennes pour tester le médicament et ainsi gagner du temps. De quoi faire écrire à l’éditorialiste de Clicanoo.com, pas dupe pour deux sous, à l’image des insulaires : « Bonne chance, Monsieur le ministre ! »

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