Journée Mondiale des Toilettes 2016

par Dr Khadija Moussayer
samedi 19 novembre 2016

UNE SITUATION CONTRASTEE AU MAROC DE L’ACCES DE LA POPULATION A L’HYGIENE, L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT

Le 19 novembre est la journée mondiale de sensibilisation pour un meilleur accès de tous à l’hygiène, l'eau et l'assainissement, principalement avec des toilettes dignes de ce nom. Deux chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont impressionnants à cet égard : 2,5 milliards de personnes dans le monde n'ont pas de toilettes personnelles. Parmi eux, près d'un milliard n'ont même aucun accès à des toilettes, la plupart habitant dans une dizaine de pays comme l’Inde ou le Nigéria. Le Maroc lui connaît une situation contrastée en ce domaine

UNE HYGIENE ET DES INFRASTRUCTURES ENCORE LARGEMENT INSUFFISANTES AU MAROC 

Même si des progrès ont été enregistrés toutes ces dernières années, 25 % des marocains ne disposent pas dans leurs logements d’un assainissement correct (WC, latrines dalle, latrines à fosse ventilée, toilette compost) selon le mouvement français « Coalition Eau ». 6 000 écoles, en zone rurale surtout, manquent d’équipements sanitaires et hygiéniques de base, en particulier de toilettes, selon une étude en 2015 de l’Unicef, ce qui provoque un abandon de l’école par des jeunes filles pour des raisons de pudeur compréhensibles. De plus, l’entretien et l’hygiène des toilettes publiques, quand elles existent dans les hôpitaux, les écoles, les cafés, les restaurants et autres lieux, sont encore bien défaillants et sources potentielles de maladies.

 Au-delà des toilettes, c’est aussi le système d’accès à l’eau potable et à l’assainissement qui est en question. Les progrès ont été considérables pour la disponibilité en eau potables : aujourd’hui, il est de 100% dans les villes et de 94,5% dans le milieu rural contre seulement 20 % globalement, il y a 20 ans.

L’assainissement reste par contre un sujet de préoccupation majeure : s’il est prévu qu’en milieu urbain en 2018, le taux de raccordement à l’assainissement soit de 80% et que l’équipement en traitement des eaux usées s’y développe assez rapidement, le milieu rural reste toujours le « parent pauvre » avec un taux de raccordement inférieur à 10% tandis que le taux de dépollution des eaux usées ne dépasse même pas 3% !

Quand les eaux ne sont pas traitées, les pollutions organiques (matières fécales humaines et animales en suspension dans l’eau), chimiques (agricoles, industrielles) ou les résidus médicamenteux nuisent gravement à la qualité des eaux (notamment des nappes phréatiques sensées nous fournie une eau potable), des écosystèmes et à la santé.

 

LES RISQUES INFECTIEUX DEMEURENT ET LA VIGILANCE EST DE MISE

Les maladies infectieuses sont en nette diminution au Maroc sans être éradiquées complètement pour les plus sérieuses d’entre elles.

On appelle "péril fécal" l'ensemble des infections qui peuvent être transmises lorsque l'eau, les aliments (en particulier les légumes) ou les objets (poignées de porte, lunettes de toilettes, par exemple) sont contaminés par des germes présents dans les déjections humaines. Ces infections peuvent être à l'origine de diarrhées virales et bactériennes, de typhoïde, d'hépatites, de maladies parasitaires, de poliomyélite, etc. On notera le rôle important des insectes dans ces transmissions comme les mouches qui, collectent sur leurs pattes des résidus de substances fécales et des pathogènes et les déposent sur les aliments, les mains, les visages…

La salissure des mains reste aussi un des moyens privilégiés de transmission. Rappelons que pour se laver les mains de façon efficace, il faut : enlever ses bagues et autres bijoux, se mouiller complètement les mains, prendre du savon et bien le faire mousser, se frotter les mains, les poignets, les avant-bras et entre les doigts, pendant au moins 15 secondes, se nettoyer le dessous des ongles, rincer abondamment, se sécher les mains avec une serviette personnelle, jetable de préférence, ou sous le séchoir et éviter de toucher des surfaces souillées en quittant les toilettes.

 Rappelons enfin que ne pas utiliser des toilettes quand on est hors de chez soi par peur de contamination est aussi un problème : une vidange trop rare ou incomplète est en effet une cause d’infections urinaires !

Au total, on voit donc que des efforts importants restent à accomplir dans notre pays pour ce droit basique et de justice sociale qu’est l’accès de tous à des services appropriés d’assainissement et d’hygiène, assurance d’une meilleure santé et qualité de vie. 

A l'occasion de cette journée, l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) a soutenu et s’est associé à la marche qu’a organisée l’association EWA (Environmental Women Association) à Casablanca, le 19 novembre 2016, pour célébrer cet événement. 

Casablanca, le 19 novembre 2016

 

Dr Khadija Moussayer

Spécialiste en médecine interne et en gériatrie

Présidente d’AMMAIS

 

 


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