L’allaitement maternel, une pierre dans le jardin de la GPA
par Jacques-Michel Lacroix
vendredi 5 février 2016
Dans les années 70/80 l’allaitement maternel n’était pas très prisé, les femmes voulaient se libérer de cette contrainte, et pensaient que l’allaitement déformait les seins. Mais depuis quelques années, progressivement l’allaitement maternel a repris du terrain.
Toutes les études effectuées sur le sujet montrent que le lait maternel est celui qui est le plus adapté aux besoins du nourrisson, non seulement il le protège de certaines maladies infectieuses telles que les gastro-entérites ou certaines affections O.R.L., car il contient un grand nombre d’anticorps spécifiques, qui protègent le bébé dont le système immunitaire est immature, mais en plus le lait maternel évolue pendant la lactation. Le « colostrum » sécrété les huit premiers jours répond parfaitement aux besoins du nouveau-né puis il se modifie, pour devenir au bout de 15 jours environ, le lait mature dont la composition elle-même pourra varier au cours de la tétée et même en fonction des heures de la journée, pour coller au plus près aux besoins du nouveau-né. Une étude parue en janvier dans la célèbre revue médicale anglo-saxonne « The Lancet » (breastfeeding 28/01/2016) révèle que l’allaitement maternel pourrait éviter le décès de 823 000 enfants et 20 000 mères chaque année, et chiffre également les économies réalisées par la réduction du coût des pathologies infantiles qu’il permettrait d’éviter si on le généralisait.
L’OMS et l’Unicef, conscient des avantages du lait humain sur les lais artificiels, surtout pendant les six premiers mois de la vie, ont lancé l’initiative « Hôpitaux amis des bébés » pour promouvoir et soutenir l’allaitement maternel. Ce label a été attribué à 16 000 hôpitaux dans 171 pays. En France, assez peu de maternités ont réussi à obtenir ce label qui nécessite une implication motivée des médecins et sages-femmes.
Le bénéfice de cet allaitement ne touche pas que les nourrissons, et on estime qu’un allaitement de 12 mois dans la vie de la mère réduit de 30 % le risque de cancer du sein durant la pré ménopause, et de 25 % le risque de cancer des ovaires. En plus de tous ces avantages physiologiques pour l’enfant comme pour la mère, l’allaitement, lorsqu’il est possible, valorise les liens qui unissent le nouveau-né à sa mère et confirme son rôle essentiel dans « l’élevage » du bébé, tendant à prouver s’il en était besoin, que la maternité ne se résume pas à la grossesse, n’en déplaise aux partisans de la GPA qui ne considère la femme que comme un utérus que l’on peut utiliser à la demande.
Bien que toutes les études sur le sujet montrent que l’allaitement maternel, lorsqu’il est possible, n’a que des avantages, il peut cependant peut-être un jour présenter un danger : que les partisans de la GPA ne veuillent plus acheter que des bébés sevrés, ce qui serait encore pire.
Docteur Jacques-Michel Lacroix
04 février 2016