La franchise médicale traduit une absence de politique de santé globale

par yann syz
jeudi 25 octobre 2007

Le gouvernement francais, jugeant les citoyens irresponsables, souhaite créer un système de franchise médicale qui pénalisera les malades.
Ce système pénalisera les patients, en particulier les moins aisés et compliquera l’accès aux soins.
Ce projet illustre surtout l’absence de stratégie du gouvernement pour une politique de santé globale.
Une bonne politique de santé doit avoir une approche globale, qui se situe bien au-delà de l’absence de maladie. Si le soin est une donnée majeure, réduire les inégalités de santé et permettre l’amélioration de la santé de chacun c’est aussi s’attaquer aux facteurs déterminants de la santé. Cela implique de travailler sur les conditions de vie et de travail, sur le contexte environnemental et sur l’éducation à la santé. Il faut passer d’une logique de soin à une politique de santé globale qui s’appuie sur une véritable démarche de promotion de la santé.
S’il est normal de s’interroger sur le niveau des dépenses de soins et sur leur financement, ces questions découlent des décisions politiques d’organisation des systèmes de santé.
Aujourd’hui seuls 3 % de la dépense publique de santé sont consacrés à la prévention, 97 % au soin. Il faut mieux équilibrer ces chiffres pour agir à la source sur les causes des maladies.
80 % des cancers, 40 % des maladies cardiovasculaires, 80 % des diabètes pourraient être évités. C’est ce qu’on appelle communément les maladies de civilisation, liées à des pratiques (alimentation, tabac), des conditions de travail (amiante, pesticides...) ou des facteurs environnementaux (pollution urbaine, ventes de produits nocifs...)
Pour faire reculer ces maladies et résoudre leurs énormes conséquences budgétaires, il faut inverser la logique. Pour cela, il faut faire participer les médecins à la nécessaire promotion de la santé, en acceptant que certaines missions d’intérêt public leur soient rémunérées.
Il faut renforcer les rôles des médecins et inspecteurs du travail (et leur nombre), pour qu’ils puissent mieux agir sur les maladies professionnelles. Il faut aussi que les autorisations de mises sur le marché de nombreux produits soient réétudiés par des agences indépendantes, afin de lutter contre ce que les associations de consommateurs appellent la pollution domestique.
Une bonne politique de santé serait d’intégrer cette dimension dans les politiques agricoles, industrielles, urbanistiques, sociales ou éducatives ; ce serait ensuite d’organiser avec plus d’efficacité et de proximité l’organisation des soins et du secours à la personne par une meilleure coordination des pompiers et du Samu notamment ; c’est enfin ce cadre pensé et discuté que se pose la question du financement du système de santé.
L’équipe du président Sarkozy prétend responsabiliser le patient, là où en réalité c’est le système de santé qui est géré dans la fuite en avant de la réponse curative.
Yann SYZ
Maire adjoint de Lorient
Délégué à la santé

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