La globésité : tous balourds ?
par Chansiaux
vendredi 15 septembre 2006
L’obésité est un phénomène mondial. La globalité de son occurrence et de ses causes font naître ce mot nouveau : globésité. Une pandémie pour laquelle l’agriculture et l’agroalimentaire sont montrés du doigt, mais aussi nos comportements individuels
Plus d’un milliard d’adultes dans le monde et 10% des enfants sont obèses ou en surpoids, a indiqué Paul Zimmet, spécialiste du diabète, lors de son discours inaugural du XXe congrès de l’ICO (Congrès international de l’obésité) à Sydney. C’est beaucoup plus que les 800 millions de personnes victimes de la faim sur la planète. Pour mener une vie active en bonne santé, un être humain a besoin de 2400 calories par jour. La production mondiale agricole permettrait d’offrir à tous les habitants de la planète 2700 calories par jour. C’est plus qu’il n’en faut... Pourtant, si depuis trente ans le nombre de personnes souffrant de la faim a diminué dans le monde, la situation s’aggrave dans certains pays. (source : Copain du monde - mouvement d’enfants du Secours populaire français). Les nations riches sont des nations gavées. Par exemple, l’Australie, réputée sportive, a l’un des taux les plus rapides de croissance de l’obésité. « Nous sommes affectés par l’affluenza », dénonce Paul Zimmet. Mais le phénomène touche aussi les pays en voie de développement (selon la FAO, en Egypte, il y a plus d’enfants présentant une surcharge pondérale qu’un déficit). On a donc affaire à une pandémie, qui pose la question de la répartition et de la qualité de la nourriture. Dans les pays industrialisés, le coût économique de l’obésité et des maladies associées représente 2,4 à 8% des dépenses de santé (source Futura Sciences.com). Bien entendu, les chiffres avancés varient en fonction des maladies prises en compte dans l’évaluation des coûts, et de la proportion de cas attribuable à l’obésité pour chacune des maladies associées. En Europe, la Commission avance le chiffre de 7% des dépenses de santé (la dépense annuelle de santé de la France est de 190 milliards d’euros). Cité par Le Monde - AFP, Philip James, président de l’Equipe internationale de lutte contre l’obésité et ancien conseiller du premier ministre britannique, Tony Blair, a estimé, au congrès de l’ICO que pour lutter contre le problème, c’est l’ensemble des politiques agricoles qu’il faut repenser. "Nous nous sommes concentrés sur l’utilisation de l’argent des contribuables pour surprotéger tous ces éléments de la chaîne alimentaire qui provoquent aujourd’hui l’épidémie d’obésité. [...] La surproduction d’huile, de graisse et de sucre, largement due aux subventions publiques visant à protéger les revenus agricoles, contribue depuis des décennies à la crise sanitaire que nous connaissons aujourd’hui". Mais les congressistes ont aussi insisté sur la nécessité de faire du sport, de bouger, de varier son alimentation. Victimes de la malbouffe, certes, nous sommes ! Mais paresseux aussi : voiture, ascenseurs, télévision... Mieux vaudrait prendre son vélo, escalader les marches, aller faire un tour à pied. C’est donc toute une hygiène de la vie qu’il faut repenser, un sujet politique, donc dérangeant !