La grippe A (H1N1) était peu contagieuse. Les experts ont-ils menti ?

par Bernard Dugué
jeudi 21 janvier 2010

La grande pandémie grippale de 2009 semble n’avoir existé que dans la tête des experts. Les nouvelles du front scientifique s’accumulent et le débriefing va commencer. Il y aura beaucoup d’enseignements à tirer. Des épidémiologistes réunionnais viennent de publier le 20 janvier des résultats assez probants pour faire l’objet d’une brève dans les médias. Là bas sur l’île de la Réunion, l’épidémie de grippe A(H1N1) est terminée depuis six mois, décalage hémisphérique oblige. Philippe Renault et ses collaborateurs se sont livrés à une étude statistique portant sur l’évaluation de deux paramètres essentiels pour évaluer la contagiosité d’une grippe et la dynamique de l’épidémie. L’intervalle de génération qui spécifie la durée moyenne entre une contamination et la suivante. Et le taux de reproduction qui détermine le nombre moyen de contaminés par un contaminant. Il va de soi que la structure sociale influe sur le taux de reproduction, qu’on trouvera plus élevé dans une métropole et qui sera plus faible dans la brousse africaine. De même, l’intervalle de génération sera différent selon la promiscuité des individus.


Les études disponibles à ce jour indiquent un taux de reproduction compris entre 1.4 et 3.2. Les auteurs de l’article jugent surévalués les taux mesurés autour de 3, notamment ceux estimés pour la ville de Mexico. Ils citent des données canadiennes évaluant ce taux à 1.3 pour une période compris entre le 13 avril et le 29 juin 2009. C’est-à-dire aux tous débuts de la vague « pandémique ». Ces chiffres sont accessibles sur le site du CCNMI, l’équivalent canadien de l’InVS. Un taux de 1.3 place le virus pandémique dans la fourchette moyenne, voire basse, de la grippe saisonnière dont le taux varie entre 0.9 et 2.1. Quant à l’intervalle de génération, les Canadiens l’évaluent entre 4 et 5 jours, et donc, sensiblement plus élevé que la moyenne saisonnière qui est de 3.6 jours. Ce qui laisse penser que cette grippe A(H1N1)p est sensiblement moins contagieuse qu’une grippe saisonnière et que les experts auraient raconté n’importe quoi en insistant sur une contagiosité massive.


D’ailleurs, les épidémiologistes réunionnais concluent explicitement leur étude en soulignant une contagiosité réduite de la grippe pandémique de 2009, non sans envisager la possibilité d’une immunité acquise par la population, ce qui corroborerait les résultats récents publiés par Antoine Flahault et ses collègues avec leur étude de séroprévalence montrant la présence massive d’anticorps dans la population française. Et la question qui se pose. Les experts auraient-ils menti à l’opinion publique pour justifier la vaccination ?


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