La parole est au foetus

par Capreolus
jeudi 14 février 2008

Donner un état-civil au foetus mort. Pourquoi pas ? Mais le foetus vivant ?

Drôle d’idée que de se disputer pour savoir s’il faut inscrire à l’état-civil le nom d’un foetus mort, tandis que l’on refuserait de lui donner alors qu’il est en vie. Les associations bien pensantes crient au scandale : "Quoi ! Quelle odieuse remise en cause d’un droit fondamental !" Vous voulez parler de celui du foetus ? "Mais non, voyons, celui de la femme !". Ah ! j’ai eu peur !

Mais qu’est-ce qu’un foetus ? La question est bien sournoise. Qu’est-ce qu’un adolescent ? C’est un être humain dont l’âge est compris entre (allez, soyons large !) 13 et 19 ans. Qu’est-ce qu’un foetus ? Un être humain ? S’il ne l’est pas avant de quitter le sein maternel, par quelle onction magique le deviendrait-il ? A partir de quand l’est-il ?

La loi Veil nous renseigne utilement, en disposant dans son article 1er que "La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi."

Voyons cela : Qui est concerné ? "Tout être humain dès le commencement de la vie". Le fait est qu’avant d’avoir commencé à vivre, l’être humain n’est pas, et donc ne saurait être l’objet d’une loi. Reconnaître que le foetus est un être humain n’est donc pas mettre en péril la loi Veil, puisque c’est elle qui l’affirme.

Qu’est-ce qu’un principe ? Quelque chose de premier. Ici, il y a un principe énoncé : "La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie." Premier, mais par rapport à quoi ? On pourrait être tenté de répondre : à la loi, et c’est pourquoi la loi garantit ce respect. Enfin, pas tout à fait premier, parce qu’il y a la "nécessité". Oui, parfois il peut être nécessaire que la loi ne garantisse pas la vie de tout être humain. Bon, c’est un peu inquiétant, surtout que finalement on peut se demander quelle forme peut prendre cette nécessité de dire à un humain : "Bon, écoute, voilà, c’est nécessaire que je ne respecte pas ta vie... D’accord, tu vis, tu es un être humain, mais bon, voilà..."

La loi Veil expose ainsi cette nécessité, à l’article 4 : "La femme enceinte que son état place dans une situation de détresse". Me voilà rassuré : il s’agit d’une situation bien définie : la détresse. Bien définie ? Avez-vous déjà essayé de prouvé à quelqu’un qu’il n’était pas, en fait, en détresse ? C’est difficile, parce c’est là une situation parfaitement subjective et donc irréfutable.

Enfin, on me dit que la loi fixe le cadre dans lequel il pourra "être porté atteinte à ce principe", qui du coup n’est plus tout à fait un principe. Cela va un peu plus loin : la loi n’est plus là seulement pour organiser la vie commune d’êtres à qui elle n’a pas donné la vie, elle se donne le droit de suspendre le principe même de tous les droits, à savoir le fait même d’être en vie.

Un frisson me parcourt l’échine... Mieux vaut être bien avec le législateur ! Hier, il fixe la limité pour porter atteinte à ce principe à 10 semaines de vie, aujourd’hui à 12... Demain peut-être à 36... Après-demain ?


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