La rage plus meurtrière que le paludisme (malaria) au Cambodge

par boddah
jeudi 7 avril 2011

Lorsque j’apprends qu’au Cambodge, la rage provoque plus de décès que le palu (malaria) je me sens aussitôt concerné avec un fils de 2 ans et un chien de 3 mois. Dans toute l’Asie les chiens sont un problème majeur pour la sécurité et la santé. De Kathmandu jusqu’à Saïgon ; en passant par Bombay et Bénares, les chiens sont omniprésents et la rage aussi.

« PASTEUR N’EST PAS SI LOIN. »

Pour rappel avant de commencer, en France quelques cas de rage sont encore parfois déclarés mais en général la maladie est contenue avant d’atteindre l’homme. Dans le monde 55.000 personnes meurent chaque année d’insuffisance respiratoire provoquée par la rage. 80% de ces décès surviennent en Asie et la moitié sur des enfants de moins de 15 ans.

Un mammifère à sang chaud, disons un chien (presque 100% des cas de transmission à l’homme) vous mord, ou encore plus courant vous lèche votre fraîche égratignure ; et vous connaîtrez les pires symptômes que je ne souhaiterai même pas à mon pire ennemi (si j’en avais). Insomnie, maux de tête, fièvre et contractions autour de la blessure ; puis après 10 jours les symptômes qui ont tristement rendu la rage célèbre : hallucinations, crises, peur incontrôlée de l’eau, paralysie puis une mort étouffante.

Heureusement le vaccin existe et est bon marché, mais en Asie et particulièrement au Cambodge, le nombre de chien et les « difficultés administratives » rendent impossible l’élimination de la maladie. Le seul dispensaire où les vaccins sont administrés gratuitement est à la capitale, Phnom Penh (Institut Pasteur) ; ailleurs le vaccin peut coûter de 3 à 30 dollars et peut se composer d’eau sucrée ou de tout autre produit plus ou moins dangereux et efficace. Pour ne pas trop noircir le tableau, je dois tout de même préciser qu’il y a des lieux où un travail sérieux est fait.

CELA RESTE DE LA PRÉVENTION. CEUX QUI SONT MORDUS ET QUI NE SONT PAS VACCINÉS MEURENT DANS LES SOUFFRANCES DÉCRITES PLUS HAUT…

Les chiens sont une plaie en Asie. Même en Europe nous devons être très vigilant pour contrôler leur nombre. Des villes comme Bucarest ont dû faire des choix draconiens pour se débarrasser de tous les chiens de rue il y a moins de 20 ans.


Il ne faut pas s’imaginer les chiens asiatiques comme les gentils toutous promenés dans nos rues, ni comme les chiens de ferme, bien enfermés. Non les chiens en Asie sont toujours libres parce qu’ils n’appartiennent à personne en particulier ; ils sont assez nombreux pour créer des meutes avec des territoires. Dans de nombreux endroits d’Asie, les chiens ont pris le pouvoir des nuits. Les lieux où j’ai le plus rencontré de chiens au m² : Les rues de Thamel (Kathmandu) la nuit, les plages de goa, les abords des bidonvilles de Mumbay…

Le chien est en général de taille moyenne, jaune avec des variations et plus ou moins miteux. Il est toujours peureux et fourbe (il se sauve si vous ramassez une pierre mais il revient quand vous tournez le dos) et bien sûr, il est beaucoup plus agressif en groupe.

J’ai un jeune chien, mais aussi et surtout un jeune fils. Les deux sont en cours de vaccination mais c’est avec vigilance et beaucoup de patience que la relation peut se faire. Je pense qu’il est important pour Max de ne pas avoir peur des chiens et de savoir comment réagir. Pour cela, rien ne vaut une mise en pratique contrôlée.

Pour revenir au sujet principal, la lutte contre la rage se fait davantage par les voies des ong que par celle du ministère de la santé. C’est pourtant un sujet prioritaire et grave selon l’ONU, et tout les efforts doivent être fournis en mesure des financements alloués. L’exemple présenté dans l’article de l’IRIN se situe justement dans la ville où je vis, Kammpot ; et il fait froid dans le dos.

Une application nationale des campagnes de vaccination doit avoir lieu. Avec l’aide des connaissances de l’institut Pasteur et l’argent déjà donné de l’ONU, chaque citoyen cambodgien pourrait être vacciné. Des campagnes de vaccination des chiens ont lieu, mais elles doivent être plus généralisées sur le territoire et elles ne peuvent être efficaces que si elles sont couplées avec des campagnes de stérilisation. Je pense que la mode de la viande de chien, dépassée en Asie du Sud pourrait être une alternative intéressante au surnombre de ces canidés si elle revenait aux goûts du jour (je précise bien, en ASIE !!!).

L’abattage de chiens, comme il a parfois été nécessaire doit demeurer un dernier recours par respect pour la vie (bein oui c’est important !). Au Cambodge comme partout, une étude attentive de l’environnement doit être faite avant de se lancer dans le « combat ». Là (encore) nombreuse faune sauvage du Cambodge est un élément primordial à prendre en compte. En effet, les animaux sauvages peuvent transmettre la rage, mais la maladie peut aussi provoquer l’extinction d’espèces déjà fragilisées par l’activité humaine.

Donc la rage tue plus de cambodgiens par an que la malaria. Pourtant c’est une maladie considérée comme contrôlée en Europe ; nous avons donc la possibilité d’en faire de même en Asie.

source : LGV


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