Le créateur du LSD, Albert Hofmann s’est éteint à l’âge de 102 ans

par Jeanjean
jeudi 1er mai 2008

Engagé comme chimiste dans l’entreprise Sandoz à Bâle, Hofmann est chargé avec Werner-Arthur Stoll de développer un stimulant circulatoire à partir des dérivés de l’acide lysergique tiré de l’ergot du seigle. C’est en 1938 que les deux scientifiques fabriquent le diéthylamide, aussi appelé lysergamide ou LSD-25, obtenu grâce à la synthèse de l’acide lysergique. Toutefois les effets sur le sang en vue d’un usage thérapeutique ne sont pas concluants.

Ce n’est que cinq ans plus tard, en 1943, que les effets hallucinogènes du diéthylamide seront découverts. C’est en tentant de purifier le produit isolé que Hofmann voit apparaître des formes colorées et se sent pris de délires incontrôlables. L’expérience fortuite lui semble incroyable et Hofmann décide de la renouveler en absorbant de son plein gré du LSD-25 afin de vérifier les effets sur sa personne. Le chimiste consigne par écrit l’ensemble des réactions ressenties après avoir ingéré la substance.

Après cette nouvelle expérience, l’équipe de chimistes du laboratoire bâlois saisit toute la portée de leur découverte et refuse d’en publier les conclusions, de crainte qu’elles ne tombent entre les mains des Nazis qui travaillent à la conception d’armes chimiques.

Le L.S.D. 25 (initiales de son nom allemand Lysergic Diethylamid Saüre) est en effet le plus puissant hallucinogène connu. Il suffit d’une dose d’un microgramme par kilo de poids corporel pour que les hallucinations se déclenchent trente minutes environ après l’ingestion. Mais à dose plus élevée, la mort est une issue possible, soit comme conséquence des troubles respiratoires et moteurs qui entraînent une tétraplégie, soit du fait d’une tendance suicidaire libérée. Après l’absorption de LSD, la personne présente tous les symptômes du psychotique schizophrène qui peut être entraîné à commettre des actes violents envers elle-même autant qu’envers autrui car le voyage qui s’enclenche dans le cerveau procure des phénomènes d’angoisses intenses.

Le laboratoire Sandoz commercialisera la découverte d’Albert Hofmann dans le but de susciter des réactions chez les malades qui ne réagissent plus à aucune stimulation ni à aucun médicament. De même dans le traitement de l’alcoolisme chronique, le LSD a été utilisé pour ses vertus analgésiques. Toutefois, les dangers de l’emploi du LSD ont conduit les médecins à lui préférer des traitements sans effet psychodysleptique.

Peu avant sa mort, Albert Hofmann reconnaissait que sa découverte avait causé beaucoup de dommages en raison d’une utilisation comme stupéfiant et non comme thérapeuthique. Toutefois, il déclarait que grâce à ses travaux des malades en fin de vie avaient vu leurs souffrances apaisées avec le LSD. Ultime réconfort pour un chercheur qui aura assisté au détournement de ses découvertes. Car très vite celles-ci servirent à mettre au point une substance capable de tuer des milliers personnes, une drogue distribuée aux hippies par la CIA pour détruire le mouvement de contestation contre la guerre du Vietnam.


Lire l'article complet, et les commentaires