Le dépistage de la surdité
par Voris : compte fermé
vendredi 5 mars 2010
Le dépistage de la surdité est une préoccupation montante. Alors que le gouvernement a lancé le 10 février le plan 2010-2012 en faveur des personnes sourdes ou malentendantes, la Haute Autorité de la Santé (HAS) vient de son côté de publier des recommandations de bonnes pratiques sur le suivi des enfants sourds de moins de 6 ans et sur l’accompagnement de leurs familles.
Le plan 2010-2012 en faveur des personnes sourdes ou malentendantes, lancé le 10 février par le ministère de la famille et de la solidarité est doté d’un budget de 52 millions d’euros. Il a notamment pour objectif d’améliorer la prévention des risques de perte d’audition, le dépistage des troubles auditifs et l’accompagnement des familles.
Le dépistage systématique va concerner les jeunes (de 16 à 25 ans) et les séniors (vers l’âge de 60 ans).
Quant à la Haute Autorité de Santé, elle publie des recommandations de bonne pratique sur le suivi de l’enfant sourd âgé de 0 à 6 ans et l’accompagnement de sa famille.
Un constat commun des professionnels membres de cette haute autorité : 6 ans est l’âge critique pour l’acquisition du langage.
Divergence par contre sur la méthode d’enseignement. Le débat reste vif en effet sur le mode de communication à développer chez les enfants malentendants : méthode orale ou visuo-gestuelle. La seconde renvoie à la langue des signes qui ne fait pas consensus puisque, rappelons-le, elle a été interdite dans l’enseignement pendant 100 ans avant d’être réintroduite par une loi de 1991. La première approche, dite audiophonatoire, consiste à stimuler la fonction auditive, et ainsi permettre à l’enfant sourd de développer une langue parlée. Avec possibilité d’aides auditives ou d’implants. Cette méthode n’interdit d’ailleurs pas l’apprentissage parallèle de la langue des signes.
Quelle est la méthode la plus efficace et la plus appropriée ? La HAS ne tranche pas : "En l’état actuel des connaissances et en l’absence de consensus entre les acteurs, il n’est pas possible, pour les enfants ayant un seuil auditif supérieur à 70 dB, de recommander un type de programme plutôt qu’un autre". Ses membres se rejoignent sur un objectif commun qui est de "favoriser le développement du langage de l’enfant sourd au sein de sa famille, quelles que soient la ou les langues utilisées".
La haute autorité recommande aussi le dépistage précoce systématique avant l’âge d’un an, faisant remarquer que le diagnostic reste souvent tardif : "On découvre encore trop de surdités profondes vers 2 ans et demi, 3 ans", déplore ainsi le Pr René Dauman, ORL au CHU de Bordeaux et président du groupe de travail de la HAS. Une mission sur le dépistage précoce de la surdité vient d’être confiée à trois députés par Jean-François Copé.
Mais le dépistage ne concerne pas que la petite enfance. Les adolescents sont aussi exposés aux risques de perte grave d’audition. Les baladeurs mp3 accélèrent le vieillissement de l’oreille interne et, trop souvent, quand les jeunes consultent, il est trop tard ! Il paraît même que les jeunes les plus adeptes des baladeurs développent une forme de dépendance (les neurotransmetteurs créeraient une accoutumance aux décibels).
Espérons que le plan triennal du ministère de la Santé apportera quelques réponses à ce problème.
Un site conseillé : www.ecoute-ton-oreille.com