Le téléphone leur prend le chou
par Chansiaux
lundi 26 juin 2006
Alors que l’on dénonce l’obésité et la malbouffe, les jeunes générations sacrifient leur consommation de fruits et légumes au profit des nouvelles technologies.
Les jeunes générations consomment peu de fruits et légumes. Elles préfèrent arbitrer leur budget en faveur des produits innovants en technologie de l’information et de la communication (appareils audiovisuels, téléphones...). C’est la conclusion d’une récente étude du Credoc, présentée par Pascale Hébel. En règle générale, les consommateurs, en raison de facteurs conjoncturels (ralentissement du pouvoir d’achat et mauvaise perception des prix), sont très attentifs aux prix du secteur alimentaire, notamment ceux des fruits et légumes (68,5% d’entre-eux déclarent regarder systématiquement les prix des fruits et légumes). Pourtant, la raison principale de la désaffection pour la consommation de fruits et légumes ne tient pas au facteur prix. Malgré le ralentissement du pouvoir d’achat, la croissance de la consommation reste à des niveaux relativement élevés. Les consommateurs puisent dans leur épargne et utilisent fortement les crédits pour continuer à consommer des produits de la sphère des loisirs. L’arbitrage de consommation se fait au détriment des produits de grande consommation et en faveur des produits d’équipement du foyer et des services. On note par exemple des taux de croissance négatifs en 2005 sur les dépenses de consommation en produits d’hygiène beauté, alors que les postes d’équipements audiovisuels sont en croissance de 13% en euros constants. Pascale Hébel ajoute : « Nous constatons que la génération « robot-électrique » (individus nés entre 1937 et 1946), a le même niveau de dépense en fruits frais tout au long de sa vie. Par contre, lorsque l’on appartient à la génération plus jeune « aliment-services » (individus nés entre 1957 et1966), la consommation de fruits frais est inférieure de 20% à la génération « robot-électrique ». Quant à la génération « Internet » (individus nés entre 1977 et1986), elle consomme quatre fois moins de fruits frais que la génération « robot-électrique ». A 20 ans, ils ne dépensent que 100€ par an en fruits frais ! Cette baisse générationnelle s’explique par les évolutions du modèle alimentaire qui se simplifie (moins de plats dans les repas, augmentation des plateaux repas, baisse du temps de préparation). Les nouvelles générations ne veulent plus de la cuisine corvée. Il y a également une déperdition du savoir-faire : les jeunes générations ont perdu les habitudes de préparation de leurs aînés : peler les légumes, les faire cuire et les préparer. »