Leclerc secoue les pharmaciens !
par Mehdi
lundi 14 avril 2008
Une fois de plus, Michel-Edouard Leclerc lance un pavé dans la mare de la consommation ! Cette fois-ci, le géant de la distribution s’attaque aux rentes de monopole des pharmaciens concernant la vente des médicaments sans ordonnance...
Où que vous voyagez en Europe (et pas uniquement), vous remarquerez que la commercialisation de produits dits d’automédication (aspirine, pastilles pour la toux...) se fait soit en libre-service soit sous le contrôle d’un pharmacien conseil, mais dans des magasins qui ne sont pas soumis à la même législation que ceux commercialisant des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance. En France, au contraire, quelle que soit la nature du médicament que vous consommez vous devrez vous rendre dans une pharmacie. Or, l’implantation des pharmacies n’étant pas libre, un phénomène de rente de monopole apparaît : situation dans laquelle une offre limitée rencontre une demande infinie. D’où un prix supérieur au prix qui égaliserait offre et demande en situation de libre concurrence. Ajoutez à cela des mesures successives de déremboursement de certains médicaments (et donc de dérégulation des prix) et vous obtenez des prix en pleine explosion !
Face
à ce phénomène et fort de ses engagements en faveur d’une hausse du
pouvoir d’achat, notre Michel-Edouard Leclerc national demande au
législateur d’ouvrir la commercialisation des médicaments distribués
sans ordonnance...
- Ce que veut vraiment Michel-Edouard Leclerc : contrairement à ce que les pharmaciens laissent penser, Leclerc ne désire pas mettre à disposition des consommateurs des médicaments en libre-service entre les yaourts et les petits pois, mais développer sur le modèle des parapharmacies que nous connaissons déjà (autorisées à vendre des produits cosmétiques et des compléments alimentaires), des espaces dédiés aux produits d’automédication avec conseils de vendeurs mis sous la responsabilité d’un pharmacien diplômé d’Etat.
L’Europe du côté de Leclerc :
face à des chaînes de distributeurs européennes qui se sont vues interdire l’accès du marché français, la Commission européenne a demandé à plusieurs reprises au gouvernement de réfléchir à l’ouverture du marché des médicaments sans ordonnance.
Ce que craignent les pharmaciens : ils craignent la fin d’un monopole qui leur permet de vendre des médicaments d’usage courant 20 à 30 % plus cher qu’ils ne devraient l’être.
Pour rappel, le risque pour la santé publique agité par la profession paraît bien éloigné de la réalité quand on sait qu’en Europe, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et bien d’autres ont déjà mis en place un tel système sans problème particulier. Rappelons enfin que, malgré une distribution extrêmement encadrée, la France est championne européenne de la consommation de médicaments...
Le gouvernement du côté des pharmaciens : à entendre notre cher président s’indigner de la baisse du pouvoir d’achat, voire revendiquer (parfois) davantage de concurrence pour stimuler l’économie, on aurait pu penser que le gouvernement s’efforcerait d’accéder à la requête de Michel-Edouard Leclerc. Pourtant, il n’en est rien : face à la hausse des prix, le gouvernement se contente de solliciter la profession pour souscrire un accord de modération et demande aux consommateurs de ne pas hésiter à comparer pour faire pression sur les étiquettes. De jolies petites mesurettes dont les résultats se font toujours attendre !