Les Hollandais craquent pour le vin

par Yohan
mercredi 26 mars 2008

Selon une étude récente d’un Institut de consommation, les Hollandais écluseraient en moyenne 21,6 litres de vin par an et par habitant, soit deux fois plus qu’en 1975.

Ces quinze dernières années, la progression est même remarquable, puisqu’elle avoisine les 40 %.

Des vins achetés le plus souvent dans les supermarchés. Prix moyen du flacon 6 €. Un prix qui peut vite grimper jusqu’à 17 € dans les wijnshops, très en vogue actuellement.

Des magasins 100 % dédiés au vin fleurissent en effet comme les tulipes au sortir de l’hiver, la vente en ligne profitant également de cet engouement.

Car, c’est bien d’un interminable hiver que les Néerlandais sortent, eux qui ont fait de la bière une véritable institution. En effet, bien avant la Révolution de 1789, on dégustait volontiers le Monbazillac sur le port d’Amsterdam. Il est écrit qu’au terme des guerres de religion, beaucoup de protestants bergeracois furent contraints de s’expatrier en Hollande, ceci expliquant sans doute cela.

La préférence des bataves va aux vins rouges que l’on débouche à la maison entre amis (gezellig bij u thuis) de préférence entre connaisseurs ou pour susciter l’état émotionnel chez la concubine.

Le vin blanc a une vocation plus festive que lascive. Moins tendance, il se consomme à l’apéritif et débout, contrairement à l’autre.

Quant au rosé, prisé pour ses qualités rafraîchissantes, il reste une boisson de bar et de terrasse de café, très appréciée des jeunes demoiselles.

Notons au passage que contrairement aux Belges et surtout aux Français, les Hollandais, en bons économes, fréquentent assez peu les restaurants. Y commander une bouteille de vin n’est pas tellement ancré dans les habitudes, bien que l’on y pratique moins férocement l’art de la culbute que chez nous.

Les deux tiers des bouteilles achetées proviennent d’Europe, la France se taillant encore la part du lion, talonnée de près par l’Italie. Cependant, ici comme ailleurs, les vins sud-africains, australiens et chiliens continuent de grignoter des parts de marché.

C’est un fait, les Hollandais s’enthousiasment de plus en plus pour le nectar des dieux.

Toutefois, les questions qui reviennent avec insistance sur les chats portent moins sur l’art d’accommoder le Pouilly-Vinzelles avec l’anguille fumée que sur ses effets en termes de santé.

En effet, le "french paradox", mis en exergue par les Américains, est là-bas largement relayé par les médias. On y brosse volontiers le portrait d’un Français consommant ses trois à quatre verres de vin par jour sans altérer sa santé et augmentant son espérance de vie.

Une publicité qui a fait plus pour promouvoir ce breuvage dans les polders que les meilleurs plans médias bordelais.

Le vin serait donc bon pour la santé, témoin le foisonnement d’articles célébrant ses vertus contre le cancer, la grippe et la maladie d’Alzheimer, un produit également recommandé pour la santé des gencives, la protection des coronaires, grâce à l’action des polyphénols.

Même le vin blanc voit sa cote remonter grâce à une étude, allemande cette fois, qui souligne ses effets positifs sur le système immunitaire.

Il est donc conseillé de boire du vin, trois verres par jour et pas plus, prévient-on avec sollicitude.

Un intérêt qui vient à point nommé au moment où nos producteurs s’alertent de la difficulté de régler la question des surstocks, face à la baisse de consommation dans l’Hexagone et à la concurrence étrangère.

Un engouement qui suscite également les appétits des hommes d’affaires hollandais.

Flairant la bonne vague, on voit ainsi fleurir des petites annonces sur le net, visant à recueillir des témoignages pour se lancer dans le négoce du précieux nectar, et même sur l’apport de la vinothérapie dans les spas.

Autre business qui monte est celui des hélicaves, un puits de 2 mètres de diamètre, maçonné en sous-sol, permettant un stockage circulaire étanche. Il est clair que dans un pays qui a pour particularité d’avoir une moitié de territoire volé à la mer, conserver de bonnes bouteilles, ailleurs qu’en armoire à vin, ne va pas sans soulever quelque inquiétude.

Les caves, l’ingénierie de stockage, le négoce, sont pour l’heure une affaire d’hommes.

En revanche, l’achat de vin serait une affaire de femme. Celles-ci n’hésitent plus à prendre leur part. Ne nous y trompons pas, cet intérêt nouveau n’est pas innocent. Aux yeux de ces dames, un homme svelte, verre de vin à la main est autrement plus sexy et plus chic qu’une outre à bière ventripotente.

Restons sur l‘outre encore un peu... Il est dit aussi que faire l’amour après s’être adonné aux plaisirs de Bacchus ferait moins encourir le risque d’infarctus que tout autre boisson alcoolisée.

Une affaire qui tombe à pic pour la promotion de nos vins régionaux au pays des tulipes.

Mais attention, nos voisins préviennent : "Si la Hollande représente encore un marché de taille moyenne, vos viticulteurs feraient bien de se saisir un peu plus de cet engouement, car s’ils ne le font pas, d’autres s’en chargeront pour eux".


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