Médicaments anti-cholestérol, ou comment se déculpabiliser de la malbouffe et de la fainéantise...

par MauvaisEsprit
mardi 25 avril 2006

La dérive est clairement pointée par l’AFFSSAPS, l’INPES et la CNAM, et elle peut se transformer en véritable danger pour les enfants... Pour lutter contre le cholestérol, il ne suffit pas de gober des pilules miracles, ou de manger du beurre marketing remboursé par des mutuelles complaisantes. Il faut manger bien, bouger ses fesses, arrêter de fumer ou avoir tenté au préalable toutes ces solutions, avant de prétendre aux médicaments contre le cholestérol (statines, fibrates)...

Comme cela a été le cas au moment où une société opportuniste a tenté de commercialiser un produit anti-alcoolémie qui permettait d’être saoûl et d’être négatif après avoir soufflé dans le ballon, les médicaments anti-cholestérol, ou statines ou hypolipédiants, posent un vrai problème éthique.


Cinq millions de Français, chiffre qui augmente de 20% par an, se sont fait prescrire en toute régularité ces médicaments, en première intention pour les 2/3 d’entre-eux. Concrètement, cela signifie que le médecin n’a pas cherché à faire suivre à son patient les règles élémentaires pour diminuer le taux de cholestérol : une véritable dérive qui est dénoncée par l’AFFSSAPS (sécurité sanitaire des aliments), l’INPES (prévention santé) et la CNAM (remboursement de ces médicaments).

Pourtant les choses sont évidentes et de bon sens : les médicaments contre le cholestérol (statines) :

1) ne dispensent pas d’avoir un comportement sain

2) ne doivent être prescrits que si un problème demeure après un régime alimentaire et physique adapté, et seulement en cas de risque cardio-vasculaire élevé

3) dans le cas contraire, se révélent au mieux inefficaces, et au pire dangereux, notamment car ils sont parfois administrés aux enfants par leurs parents - via des beurres anti-cholestérol.

Prescrire des statines en première intention, et souvent à des doses trop élevées, ou faire rembourser par une mutuelle un beurre anticholestérol revient donc à déculpabiliser -voire à leur donner un blanc-seing - les :

> afficionados des fast-foods, des "grandes bouffes" et des aliments "à bannir" (alcool fort, abats, charcuterie, fromage riche en matières grasses, lait entier, beurre...)

> fumeurs invétérés

> allergiques des activités physiques et sportives (sédentarité).

Mais le "french paradox" a la vie dure :

> les statines et les fibrates sont banalisés et représentent le premier poste de dépenses médicamenteuses

> il n’y a pour l’instant sur le marché qu’un seul générique disponible alors qu’il permettrait, s’il était prescrit systématiquement, une économie de près de 70 millions d’euros par an...

Donc, rappelons-le, à nouveau :

> le cholestérol n’est pas mauvais en soi, surtout pour les enfants : c’est l’excès de LDL-cholestérol (au-dessus d’un gramme par litre de sang) qui est facteur de risque cardiovasculaire (mais pas seulement : le diabète, l’hypertension et le tabagisme le sont aussi)

> les médicaments anti-cholestérol ne sont pas une solution miracle, et ne doivent être prescrits qu’en deuxième intention après 3 mois d’un régime alimentaire et physique qui permet le plus souvent la disparition totale et à vie du problème de cholestérol.

Illustrations : Mauvaisesprit, libres de droit 

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