Médicaments génériques : Sanofi soupçonné de malversations aux Etats-Unis

par Pharmaleaks
vendredi 17 juin 2011

Le 24 juin 2010, le Wall Street Journal expliquait que deux associations médicales et un médecin ayant des conflits d’intérêts avec Sanofi, avaient spontanément écrit aux autorités de santé américaines pour demander à retarder l’arrivée d’un générique du Lovenox, un anticoagulant de la famille des héparines.

Le « US Finance Committee » a alors demandé à Sanofi quelques explications sur ses relations avec les deux sociétés savantes : le « North American Thrombosis Forum » (NATF) et la « Society of Hospital Medicine » (SHM) ainsi qu’avec le Dr Victor Tapson, les soupçonnant d’utiliser abusivement le levier démocratique appelé Citizen Petition Process, qui permet à tout citoyen d’attirer l’attention de l’Etat sur un problème.

S’agit-il donc d’une simple action spontanée de la part de ces professionnels de santé qui, coïncidence, ont quelques liens d’intérêt avec la firme ? Ou s’agit-il de quelque chose de plus « structuré » ?

Les documents saisis par le Ministère des Finance plaident plutôt pour la seconde option.

Une présentation Powerpoint interne de 2009 sur la menace imminente que pose l’arrivée des génériques sur sa franchise Lovenox a été rendue publique. Elle insiste sur la nécessité d’encourager les « initiatives indépendantes avec les autorités de santé » afin de mettre en évidence les dangers que pourraient causer ces médicaments génériques.


C’est ainsi que le Dr Victor Tapson a spontanément écrit aux autorités de santé américaines de la part de l’American College of Chest Physicians, dont il est membre pour attirer leur attention sur les fruits de travaux médicaux sur le sujet financés à hauteur de 190 000 $ par Sanofi. Il a lui-même déclaré avoir touché 260 604 $ de Sanofi à titre de consultant.

La SHM qui elle aussi a spontanément dénoncé les dangers des génériques du Lovenox a touché 2 675 850 $ de Sanofi. Une initiative qualifiée par le département des relations publiques de Sanofi d’ « accomplissement décisif ».

Des documents internes de Sanofi ont établi que ces deux sociétés se sont concertées avant d’envoyer leurs missives aux autorités.

De son côté, la NATF a reçu 2 351 750 $ de Sanofi entre 2007 et 2009, ce qui représente 81% de ses revenus pendant cette période. Des e-mails de la Direction de Sanofi ont été saisis montrant des actions coordonnées tout en s’inquiétant de la manière dont les relations entre le géant pharmaceutique et cette association médicale pouvaient être perçus par les autorités.

Le document source est disponible à l’adresse suivante : http://finance.senate.gov/newsroom/chairman/release/?id=53bf8124-5319-4d2c-8c66-f01274a271c7

Dans sa réponse officielle, Sanofi se défend en expliquant qu’il s’agit là d’initiatives indépendantes des experts concernés.

Et en France ?

Le syndicat professionnel LEEM (Les entreprises du médicament) a annoncé la création d’un organe de surveillance de la déontologie des pratiques professionnelles dans l’industrie pharmaceutique, le Codeem, un organisme qui sera doté de pouvoirs de sanctions.

Ouf ! Tout va bien !

NB : Précisions que le LEEM est présidé par Christian Lajoux, lui-même Président du Conseil Stratégique France de Sanofi.


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