Mets de l’huile ? Surtout pas !

par olivier cabanel
mardi 1er juillet 2008

Un nouveau scandale alimentaire est arrivé le 28 avril dernier.

Il est pour l’instant passé pratiquement sous silence.

Heureusement internet, nouveau Zorro médiatique, est là, qui veille.

Quels sont les faits ?

La maison Lesieur (société Saipol) a acheté à bas prix en Ukraine 40 000 tonnes d’huile de tournesol.

5 000 tonnes ont été vendues en France à différents fabricants (pour accompagner les sardines, le thon, faire des sauces vinaigrette, du tarama, des chips, du surimi, du céleri rémoulade, de la soupe de poisson en boîte, du poisson pané, des paupiettes de veau, des pâtes à tartiner chocolatées, des cookies, des gaufrettes à la confiture, des barres céréalières).

L’acheteur est le groupe Unilever (Amora, Plantafin, Maille, Knorr, Magnum, Miko…).

Il a utilisé cette huile.

Or, à la suite d’un contrôle, on s’est aperçu en haut lieu que 10 % de cette huile était d’origine minérale.

Pour information, l’huile minérale est obtenue par distillation de la houille, du pétrole ou de schistes bitumeux et l’on doit limiter son utilisation pour la lubrification des organes mécaniques des machines et des moteurs.

Elle est aussi utilisée comme insecticide et acaricide.

http://www.pmra-arla.gc.ca/francais/pdf/prvd/prvd2008-19-fra.pdf

Le Canard enchaîné des 14, 21 et 28 mai a été le premier à diffuser cette information.

Craignant que l’annonce ne fasse tache d’huile (pléonasme), l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) affirme que le pourcentage (10 %) de cette huile minérale dans des produits alimentaires ne représente pas un danger pour les personnes qui en consommeraient.

L’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation) aurait quand même fait retirer les lots contenant l’huile incriminée, mais tous les aliments n’ont pas été retirés de la vente.

Seuls auraient été retirés de la vente les produits finis « les plus significativement contaminés ».

Mais le consommateur ne sait pas quels sont les produits qui sont restés sur les rayons.

Du coup, la Commission européenne a recommandé de ne pas dépasser dans une huile végétale 10 % d’huile minérale.

Faut-il pour autant croire que ce pourcentage ne menace pas notre santé ?

C’est donc la notion du danger qui est discutée.

Cela pose d’abord la question de la transparence, de la désinformation, laquelle a toujours comme justification la volonté de ne pas provoquer de panique (souvenez-vous de Tchernobyl).

Cela pose ensuite le problème des faibles doses.

Quand on demandait à Jean Rostand, le célèbre biologiste : « quelle quantité de radioactivité un être humain pouvait accepter sans risque ? », il répondait : « c’est un peu comme si vous me demandiez quelle quantité d’arsenic peut-on mettre dans le biberon d’un bébé ? ».

Au sujet des dioxines, par exemple, les normes américaines imposent de ne pas dépasser 0,0064 picogramme de dioxine ingérée par kilogramme de poids humain par jour, alors que l’Europe se contente d’une norme bien moins contraignante : 0,2 à 2 picogrammes.

Est-ce à dire que nous sommes beaucoup plus résistants que les Américains ?

Evidemment, non.

Il faut plutôt penser que les Américains, forts de leur expérience en ce domaine (guerre du Vietnam et usage de défoliants) se sont rendus compte que les dioxines sont liées directement à la prolifération des cancers dans la population.

Pour une fois que l’on pourrait prendre comme exemple les Etats-Unis, chers à Sarkozy...

Car comme disait un vieil ami africain :

« Quand on n’a qu’une lance, on ne doit pas s’en servir contre le léopard ».


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