Numerus clausus et déserts médicaux ou médecins étrangers
par waymel bernard
jeudi 8 février 2018
J'étais étudiant lorsque le numerus clausus, un concours à l'issue de la première année d'études, a été instauré en médecine : il s'agissait, nous disait-on à l'époque, de limiter l'augmentation des dépenses de santé en réduisant l'offre de médecins.
Quarante cinq ans plus tard, ayant déménagé à la campagne lors de mon départ en retraite, je me mets à la recherche d'un nouveau médecin référent. Trois médecins à la maison médicale de la petite ville voisine mais, me dit la secrétaire, deux d'entre eux ne prennent plus de nouveaux patients. Va pour le troisième, un brave homme âgé de plus de 60 ans. Qu'en sera-t-il lors de son départ en retraite ? Trouvera-t-il un remplaçant ?
Peut-être un médecin étranger ? Il y a quelques années j'avais lu dans la presse locale que sur les 4 nouveaux médecins inscrits au Conseil de l'Ordre du département rural dans lequel je vivais 3 étaient des étrangers. J'avais réagi à l'information en faisant remarquer que des étudiants français échouaient, malgré d'excellentes notes, à l'examen de passage en seconde année de médecine tandis que l'on faisait appel à des étrangers parlant parfois difficilement le français. Ma remarque m'avait valu une volée de critiques de la part de la bien-pensance locale, « on croirait lire du Guéant » avait même affirmé un anonyme dans un commentaire.
On peut aussi s'interroger sur la valeur des diplômes étrangers. Une amie infirmière me raconte que le médecin psychiatre de son service, un ukrainien, était chauffeur routier avant d'être embauché en France. Compétences insuffisantes ou trop faible rémunération des psychiatres en Ukraine ? Il est très difficile de vérifier l'authenticité des diplômes délivrés en Afrique dans des pays en guerre ou en crise.
Mais il faut attirer les compétences nous serinent nos élites déconnectées des réalités. Mon oculiste est grec. Mon radiologue vient d’Afrique noire. Mon urologue est d’origine algérienne. Oui mais qui va soigner les malades dans les pays étrangers pillés ? Pour les algériens, je sais. L’excellent média RT France nous apprend que l’Algérie vient de signer avec Cuba un accord pétrole algérien contre médecins cubains.
https://francais.rt.com/international/47742-petrole-algerien-contre-medecins-cubainsOn empêche d’excellents étudiants français de devenir médecins, on attire des algériens pour combler les manques et les algériens doivent faire appel aux cubains pour se soigner. Un monde de fous !
Et la situation ne fera qu’empirer car deux phénomènes qui se conjuguent aggravent la situation : le vieillissement de la population et la féminisation de la profession, les filles réussissant mieux que les garçons dans les études. Plus de soins pour les personnes âgées et des congés de maternité ou des horaires allégés pour les femmes médecins. Un de mes amis médecin (stakhanoviste – 60 patients par jour) m’affirme qu’il faut prévoir deux confrères féminines pour compenser le départ à la retraite d’un médecin homme.
Il faut vraisemblablement multiplier par deux le nombre de places offertes au concours de fin de première année de médecine pour résoudre le problème à l’interne. Le vivier d’étudiants existe. Par contre le coût de fonctionnement des facultés de médecine est élevé tandis que les caisses de l’État sont vides malgré l’augmentation incessante des taxes, impôts (sauf pour les ultra-riches) et amendes. La solution serait de rendre les études de médecine payantes, comme cela est le cas pour les études en écoles de commerce. Mais dans sa grande générosité l’État pourrait accorder la gratuité des études aux étudiants s’engageant, en contrepartie, à exercer quelques années (10 ans, 5 ans ?) là où l’État leur demanderait de s’installer, c’est-à-dire dans un désert médical. Des études gratuites, contre un engagement à servir 10 ans, c’est ce qui existait dans le passé pour les futurs instituteurs recrutés en fin de classe de troisième.