On ne nous dit pas tout

par olivier cabanel
mardi 13 janvier 2009

On croyait que le qualificatif de « grande muette » était réservée exclusivement à l’armée.

On s’aperçoit aujourd’hui que l’industrie nucléaire vient de se l’approprier à son tour.

C’est le réseau « Sortir Du Nucléaire » qui dévoile le scandale :
Depuis le 16 décembre dernier, les laboratoires qui contrôlent les rejets des centrales nucléaires françaises ont perdu leurs agréments.

En effet, l’ASN (autorité de sûreté nucléaire) considérant que ces laboratoires censés faire en continu des mesures autour des installations nucléaires sont défaillants, a décidé de suspendre leurs agréments par le biais de 4 décisions datées du 16 décembre 2008.
 
Comme le déclare le réseau « SDN » :
« On ne peut d’ailleurs qu’être stupéfait du silence total de l’ASN à propos de ses propres décisions qui, de par leur importance, méritent au contraire la plus grande publicité. »

ces agréments portaient sur 4 points :
mesures de l’indicateur d’activité bêta global des eaux, mesures de l’activité du tritium dans les eaux, mesures de l’activité du tritium dans l’air, et enfin mesures de l’indice d’activité bêta global des aérosols sur filtre et ceci sur la quasi totalité des sites nucléaires français.
 
Alors comme le dénonce très justement le réseau « sortir du nucléaire », si ces laboratoires ne font plus ces mesures, nous n’avons à cette heure aucun moyen de savoir depuis le 16 décembre 2008 si un accident, ou un incident s’est produit.
Comme l’écrivent les responsables du réseau SDN dans une lettre qui vient d’être adressée à JL Borloo :
 
« On ne peut d’ailleurs qu’être stupéfait du silence total de l’ASN à propos de ses propres décisions qui, du fait de leur importance, méritent au contraire la plus grande publicité. Et ce d’autant que des questions graves se posent, auxquelles nous vous demandons de répondre au plus vite et publiquement.
 

- alors que les laboratoires des centrales nucléaires EDF ne sont plus agréés, qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? Si ces mesures ne sont pas faites, les centrales doivent être immédiatement arrêtées.
 

- quelles sont précisément les défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF, et depuis quand ces défaillances existent-elles ?
Quelle peut être l’ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales (qui, pourtant, sont déjà fort laxistes) ?
 

- comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux "responsables" d’une industrie aussi dangereuses, qui montrent leur incompétence et leur incapacité à mesurer les rejets radioactifs opérés dans l’environnement ? »
ces questions posées au Ministre sont plus que judicieuses, si l’on se souvient de la longue litanie d’incidents et d’accidents nucléaires qui se sont déroulés tout au long de l’année 2008 :
 
Les plus remarqués ont été ceux du Tricastin.
 
Révélés par l’Associated Press et le Réseau Sortir du Nucléaire le 8 juillet 2008, on a appris « la fuite d’une solution contenant de l’uranium s’est produit mardi dans une usine du site nucléaire du Tricastin à Bollène (Vaucluse) et une partie s’est déversée dans des rivières ».

Cette fuite a provoqué, on s’en souvient, l’interdiction de baignade, pêche et consommation de l’eau provenant de la nappe, des plans d’eaux et des rivières touchés par cette pollution.
 
A la suite de cet accident, d’autres ont suivi tout au long de l’année.
(Voir mes articles publiés sur agoravox)
 
La décision de l’ASN mettant en doute la qualité des analyses réalisées par les laboratoires officiels, puisqu’elle en suspend, ou arrête leur activité, permet raisonnablement de douter aussi des expertises qui ont été réalisées lors de ces accidents.
 
On peut aussi être inquiet de la situation actuelle.
 
En effet, si l’activité de ces laboratoires est arrêtée, comment pourront nous être informés si un accident est survenu depuis le 16 décembre dernier ?
 
On le comprend, la réponse du Ministre est attendue avec une légitime impatience.
 
Car comme disait un vieil ami africain :
 
« Ce n’est pas parce que la hyène a mauvaise haleine qu’il faille lui interdire de bailler ».

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