Plus besoin de coeur pour vivre
par Polinside
jeudi 11 octobre 2012
En République Tchèque, un homme vit sans coeur depuis plus de 6 mois, en attente qu'un donneur lui sauve la vie. Cette abhération s'explique par les énormes avancées dans le domaine de la chirurgie cardiaque ces dernières années, tant sur les plans académiques que technologiques : Nous dirigeons-nous vers une civilisation de sans-coeurs ?
En République Tchèque, un pompier de 37 ans a subi une opération cardiaque dont le résultat fut des plus surprenant : Ne pouvant fournir une solution adaptée à la tumeur qui attaquait le coeur de son patient, le cardiologue Jan Pirk a entrepris une ablation du coeur. A son réveil, Jakub Halik s’est retrouvé... Sans coeur. A la place, les chirurgiens cardiologues ont placé une pompe mécanique qui assure la circulation sanguine. Et cela fait 6 mois que le patient vit avec une pompe à la place du coeur, attendant patiemment qu’un nouveau coeur lui soit transmis, un temps d’attente de 8 mois en moyenne. C’est la seconde fois qu’une opération cardiaque mène au placement d’une pompe mécanique à la place du coeur. La première fois, ce fut au Texas, et le patient a décédé 5 mois après l’opération.
Les techniques de chirurgie cardiaque sont de plus en plus avancées : voir un homme vivre sans coeur va devenir de moins en moins surprenant. Des chirurgiens français tels que Alain Carpentier ou Gilles Dreyfus mènent depuis la fin des années 70 une course à l’innovation en chirurgie cardiaque, passant par les premières transplantations, les premiers coeurs artificiels, et le développement de techniques de chirurgie cardio-thoraciques extrêmement avancées. En 1988, Alain Carpentier a déposé le premier brevet sur le coeur artificiel, une technologie qu’il va commencer à développer avec Matra dès 1993. En 2008, la société Carmat est lancée, avec pour objectif de commercialiser les premiers coeurs artificiels ainsi développés. Cette même année, Carmat annonce la mise au point du premier coeur artificiel intégralement implantable, un produit testé depuis plusieurs années en laboratoires et sur des animaux.
Gilles Dreyfus est un proche d’Alain Carpentier, ils ont tout deux pratiqué à l’hôpital Broussais à l’époque de la première transplantation cardiaque en Europe (1986). Outre le fait qu’il ait fait passer des célébrités sur le billard (Gérard Depardieu), Gilles Dreyfus a fait avancer la chirurgie cardiaque en inventant de nouvelles techniques de réparation des valves. Il a aussi initié l’utilisation du péricarde autologue dans la procédure de chirurgie cardiaque pour réduire à néant les risques de rejet des prothèses. D’autres chirurgiens français et internationales contribuent à faire avancer à la vitesse de la lumière la chirurgie cardiaque qui représente l’une des branches les plus prestigieuses de la médecine tant les connaissances médicales requises sont volumineuses, et le risque de décès du patient élevé.
Ainsi, nous en arrivons aujourd’hui à cette situation complètement loufoque où des patients se font retirer leur coeur pendant plusieurs mois dans l’attente qu’un donneur pointe le bout de son nez (ou de ses pieds). Nous entrons donc dans l’ère où les machines vont prendre la rélève sur nos organes vitaux. Le coeur, ce bon vieil organe que l’homme associe depuis toujours à l’amour, est en passe de devenir un bout de plomberie, une pompe métallique. On est alors en droit de se demander si l’Homme n’entre pas dans une ère de robotisation de son enveloppe corporelle, en commençant par l’organe le plus “humain”, celui de l’amour.