Qui boit une eau conforme par dérogation ?

par Herve.C
vendredi 3 août 2012

Les associations 60 millions de consommateurs et France Libertés dénoncent l’opacité qui règne autour des dérogations accordées lorsque la qualité de l’eau du robinet ne remplit pas les critères réglementaires.

La qualité de l’eau est-elle bien contrôlée en France ?

Insuffisamment aux yeux de France Libertés qui révèle que dans de nombreuses régions, l’eau n’est pas conforme aux normes de qualité.
 
Un système de dérogation accordée par le préfet autorise les distributeurs à fournir une eau du robinet même lorsque certains paramètres de qualité ne sont pas respectés.
 
Pire encore, contrairement à leurs engagements de transparence, les distributeurs n’informent pas les consommateurs des anomalies sur la qualité de l’eau distribuée.
 
Ainsi dans « 9 départements et plusieurs dizaines de communes » des dérogations sont accordées « pour des excès en nitrates, en sulfates ou en déséthylatrazine (DEA), un métabolite de l'atrazine, herbicide interdit depuis septembre 2003 » rapporte une dépêche de l’AFP.
 
Dans le Maine et Loire, à Beaufort en Vallée, une quantité de bentazone - un résidu d’herbicide - trois fois supérieure à la dose journalière acceptable a été mesurée entre le 17 novembre et le 22 décembre 2010.
 
En fait, « on ne sait pas combien il y a de dérogations en France » déplore Marie-Jeanne Husset, directrice de 60 millions de consommateurs. 
 
On découvre donc l’ampleur de ce système de dérogations au coup par coup.
 
En 2010 déjà, le reportage Du poison dans l’eau du robinet avait tiré la sonnette d’alarme en Seine et Marne, où 157 communes étaient touchées par une eau du robinet non-conforme en matière de nitrates et pesticides.
 
Selon le Parisien, la population exposée à cette eau trop chargée en résidus de nitrates ou de pesticides, atteignait 141 400 habitants en Seine et Marne.
 
D’autres départements partagent ce triste privilège de délivrer une eau non conforme au code de santé publique …
 
Dans les départements de l’Orne, du Calvados et de la Manche, 22 236 personnes étaient exposées à une eau trop polluée en nitrates en 2010.
 
Ils étaient aussi 50 757 personnes à boire une eau dont les teneurs en pesticides dépassaient les seuils de qualité.
 
Les populations à risque - femmes enceintes, malades, etc. - ont-elles été informées des risques ?
 
Si les distributeurs sont obligés d’informer et de conseiller le public en cas de coupure d’eau pour non-conformité, le système de dérogation ne prévoit visiblement pas de devoir de transparence vis-à-vis des consommateurs.
 
Combien de personnes boivent sans le savoir une eau non-conforme aux normes de qualité ? On l’ignore pour l’instant, mais l’appel aux « lanceurs d’alertes » de France Libertés et 60 millions de consommateurs, devrait permettre de découvrir d’autres zones où le respect de la qualité de l’eau courante est mis entre parenthèses. 

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