Qui veut tuer son chien... par Rémy Fromentin et Jean-Pol Durand

par LaLettredeGalilée
jeudi 4 février 2010


La Lettre de Galilée n°109 : Qui veut tuer son chien... par Rémy Fromentin et Jean-Pol Durand

On ne peut pas dire que la nouvelle équipe de l’ ASIP (acronyme pas encore entré dans l’usage au-delà des rangs des seuls initiés) n’ait pas tenu ses engagements. Créée après moult turbulences provoquées par celui-là même qui en deviendra le président potiche, cette Agence des Systèmes d’Information Partagés (ajoutez : de santé pour être complet) a reçu son acte de baptême seulement en juillet 2009.

Pourtant un an avant, on commençait à susurrer le nom de son chef d’orchestre, Jean-Yves Robin, médecin passé dans l’industrie… non pas pharmaceutique, mais de l’informatique, pour être finalement présenté au grand jour le 9 avril par une ministre passée experte dans l’art du suspense.

Si un scepticisme parfois cynique est encore mesurable sur le terrain à l’intensité des étonnements, en particulier dans les établissements de soins et chez les médecins libéraux, il reste que la feuille de route de l’ex-armada de feu le GIP-DMP , dégraissée pour la circonstance de quelques soutiers encombrants, est suivie à la lettre.
Robin avait promis « le cadre d’interopérabilité » en octobre (belle formule pour définir un corpus de normes anti-pagaille entre les systèmes) : il a tenu parole. Il avait annoncé la sortie d’un « identifiant national de santé » (numéro propre à chaque citoyen pour sa santé) : il a encore tenu ses promesses.
L’homme, dit-on, aurait parfaitement adopté la posture du haut responsable public tout en gardant les habitudes opérationnelles d’un chef d’entreprise. On ne fait apparemment pas de mauvais hauts fonctionnaires avec d’anciens patrons de PME.

Est-ce par mimétisme ou tout simplement par le jeu parfois surprenant de la sociologie de la décision publique, que les régions françaises, dans un mouvement de contagion dont la sémiologie relève du mystère, se sont toutes « gécéessisées ». Entendez par là : devenues couveuses de GCS nouvelles mascottes de la Loi HPST .
Car, en effet, les expérimentations régionales soutenues par l’ex-GIP avaient un côté clochemerlesque et pagailleux qui faisaient certes leur charme mais étaient loin de donner au projet la cohérence nécessaire.
Il a fallu que la page 62 du plan de relance de Roselyne Bachelot invite les régions à créer ces fameux ENRS (espaces numériques régionaux de santé), « portés institutionnellement par les ARS » pour qu’on assiste en quelques mois à ce déferlement de groupements qui attendent d’être opportunément cueillis, à partir du mois d’avril, par les Agences Régionales de Santé.
La crainte d’un infléchissement étatique n’est pas absente des propos tenus par les médecins libéraux dans les régions où les GCS sont surtout d’essence hospitalière.
Mais d’un autre côté, qui contestera le bien-fondé de la responsabilité stratégique du nouveau directeur de l’ARS sur les systèmes d’information de santé ? Aux médecins libéraux de se bouger, diront certains, dans les régions où leur réactivité a été grippée. Il ne fait aucun doute que le DMP de toute façon ne se fera pas sans eux.

L’ancien patron de Santeos n’est pourtant pas à l’abri d’attaques, parfois insidieuses parfois d’une brutalité qui confine à l’imbécillité.
L’épisode de l’appel d’offres pour l’hébergement national unique du DMP, clos le 14 décembre dernier a été marqué par la « bourde » d’un des candidats qui aurait omis de confirmer l’envoi (par voie électronique) de sa lettre d’engagement. Et voilà Orange éliminé comme un débutant alors qu’on le disait le mieux placé dans la course.
Mais qui peut affirmer qu’Orange était le mieux placé puisque la sélection n’a pas été faite ? Personne, sauf à semer quelques doutes sur la régularité du choix et l’éventuel favoritisme pour le candidat Santeos.

Plus féroces sont les coups de crocs d’un des molosses de Jean-Luc Préel, député infatigable du Nouveau Centre qui réunit ses ouailles dans l’ombre du Parlement tous les mois pour de longs monologues sur la politique de santé.
Le réquisitoire de Daniel Solaret, qui se présente comme ancien directeur des études à la sécurité sociale, est plus difficile à comprendre. Selon lui, le choix pour Santeos au détriment des deux autres compétiteurs, Cegedim et SQLI, serait nécessairement entaché de suspicion.
Curieusement, la même procédure aboutissant à un autre choix, ne le serait pas.

Qui a intérêt à accuser de la rage le directeur de l’Asip ? Quel est donc le mobile de ces estocades ? Difficile de répondre. Hélas, probablement le même que la production des informations de Facebook et de Twitter, que vont analyser 5 journalistes pendant 5 jours coupés du monde dans une ferme du Périgord : une propension inquiétante à la sottise.

 


Droit de réponse demandé le 11 février par Monsieur Solaret :
 
M. Fromentin dans son article paru sur son site la lettre de galilée du 04/02/2010 veut tuer un chien (les défenseurs des chiens apprécieront).

Après un article plutôt confus sur l’ASIP et sa nouvelle direction,M. Fromentin se transforme en défenseur de cette même direction, ce qui est parfaitement son droit, même si on ne comprend pas pourquoi M. Robin aurait besoin d’un défenseur en la personne de M. Fromentin.

Par contre M. Fromentin m’étonne sur plusieurs points

 -Tout d’abord, il ne nous dit pas que, il a été directeur dans l’assurance Maladie à un haut poste. Certes pendant une période très courte et qui n’a pas marqué l’histoire de cette grande institution. Cependant, il s’étonne, il met en doute l’appartenance de Daniel Solaret qui a été Directeur des études dans un grand organisme de sécurité sociale de 1982 à 2007 (26 ans), d’autant qu’il a eu l’occasion de rencontrer M. Solaret à plusieurs reprises pendant cette longue période, y compris à l’assemblée Nationale dans ce qu’il décrit comme "l’ombre du parlement", réunions pourtant on ne peut plus ouvertes donnant lieu systématiquement à des comptes rendus détaillés et largement diffusés en "toute lumière", auxquelles il a assisté à plusieurs reprises.

 -Par contre, M. Fromentin pourtant "brillant cadre supérieur de la sécu" m’étonne quand il dit ne pas comprendre le texte qu’il cite de façon on ne peut plus tronquée.

Le problème du DMP mouture 2010, n’est pas que Santeos ou un autre hébergeur soit désigné, mais le problème réside dans l’aberration de vouloir mettre dans UNE même société COMMERCIALE ( hébergeur UNIQUE), tous les dossiers médicaux de tous les Français, ce qui les rend d’autant plus vulnérables et piratables que les accès se feront via INTERNET, qui comme tout le monde le sait est "UN HAUT LIEU DE SECURITE DES DONNEES PERSONNELLES ET SENSIBLES", et en plus à quel COUT pour le payeur (la sécu donc nous tous).

Il est vrai que si de plus Santeos est retenu, ce qui en soi est parfaitement recevable ; il est difficile de concevoir que l’ancien patron de SANTEOS devenu patron de L’ASIP dirige le choix du vainqueur de l’appel d’offres qu’il aura lui même initié.

Quant à M. Fromentin qui traite une personne de Molosse (race de chien) de M. ....., et qui donne pour titre de son article "qui veut tuer son chien", nous allons pour l’instant prendre cela pour du mauvais humour, mais cela pourrait être facilement interprété de façon plus sérieuse par certaines administrations de notre pays.
 
 

Lire l'article complet, et les commentaires