Robert Howland, petit lieutenant de Big Pharma
par Maiwl
vendredi 2 décembre 2011
Portrait d’un médecin réputé qui ne parle de ses conflits d’intérêts que quand ça l’arrange.
Robert Howland est professeur associé de psychiatrie à la fac de médecine de l’université de Pittsburgh, et psychiatre travaillant en recherche sur les maladies mentales au Western Psychiatric Institute and Clinic (toujours à Pittsburgh).
Il a obtenu son doctorat à la fac de médecine de l’université du Minnesota.
C’est un membre de l’American Psychatric Association.Il a écrit plus de 200 publications validés par ses confrères.
En d’autre mots, un leader d’opinion.
Puce à l’oreille
Ca fait des années qu’on sait que le Seropram est dangereux pour le cœur.
Les effets secondaires peuvent être des tachycardies, ce qu’on sait depuis 2001, avec 2 cas rapportés, un en France et l’autre aux Etats-Unis, et beaucoup d’autres depuis.
Il y a aussi des bradycardies, identifiées dès 2000, avec de nouveau deux publications, l’une de chercheurs australiens, l’autre de chercheurs allemands.
Dans la grande majorité des cas, ces effets sont la conséquence d’overdose (prescription inadaptée ou tentative de suicide) ou d’un mauvais mélange. C’est pourquoi, en août, l’agence américaine du médicament a décidé de limiter la dose maximum qu’on peut prescrire.
Mais le docteur Rowland n’est pas d’accord. Il estime que tout va bien avec le Seropram et avec le Seroplex (le successeur) et que, de toute façon, ces produits ne sont pas plus dangereux pour le cœur que les autres antidépresseurs.
Dis-nous pour qui tu roules
Comme c’est presque obligatoire à présent, le Dr. Howland déclare ses conflits d’intérêts, ou plutôt qu’il n’en a pas : il n’aurait aucune raison financière qui biaiserait son avis.
C’est trop beau pour être vrai, alors je fouille.
La première trouvaille est plutôt à son crédit : alors qu’il « flingue » un autre antidépresseur (de Novartis), il averti : à une époque, Novartis a financé ses recherches. Le message est clair : on n’achète pas le Dr. Howland. Le Dr. Howland est indépendant.
Première fausse note : il donne son avis sur la Vilazodone, qui, comme par hasard, est vendu (aux Etats-Unis) par le même labo que le Seropram, Forest. Verdict : le produit n’est pas meilleur que les autres, mais il est moins méchant, a moins d’effets secondaires. Toujours pas de conflits d’intérêts. Rien à voir avec ce médecin, mais Forest a fait la pub de son produit en disant qu’il n’y avait pas d’effets secondaires sur la sexualité… et s’est fait tapé sur les doigts, parce qu’il y avait aucune preuve que c’était vrai.
Je remonte dans le temps. Des subventions publiques, pas de problème.
Deuxième fausse note : en 2007, on reconnaît enfin que certains antidépresseurs (dont le Seropram) provoque des envies de suicides. Dr. Howland vole à la rescousse.
J’en suis à plus de 100 publications… J’essaie de prendre du recul. Tiens, nouvelle fausse note : l’immense majorité de ses travaux sont publiés dans un seul et même journal, le Journal of psychosocial nursing and mental health services. Je me demande si l’on fait vraiment vérifier ses articles par des confrères, ou si on les accepte sans se poser de question. Ah bah non, pas besoin, il est éditeur de la partie psychopharmacologie.
BINGO ! Il déclare dans un document de 2009 recevoir des financements de Aspect Medical Systems, Bristol-Myers Squibb Company, Cederroth, Cyberonics, Eli Lilly, Medtronic, Northstar Neuroscience, Novartis, NIMH, National Center for Complementary and Alternative Medicine, mais aussi FOREST LABORATORIES.
Je dis ce je veux quand je veux
Après tout, pourquoi pas.
D’ailleurs, peut-être qu’il a eu des sous de Forest en 2009, mais plus en 2011.
Mais si c’est vrai, pourquoi il en parle pour Novartis, et qu’il ne dit rien pour Forest ?
A chacun de se faire son opinion. Moi, je suis fixée.