Santé : priorité à la prévention !
par citoyen
mercredi 18 octobre 2006
Comme en effet miroir au programme « santé » de l’UMP que nous vous avons présenté (Présidentielles 2007 : Exigeons la santé, avant tout ! (1)), mais aussi au nouveau contrat d’assurance lancé par le groupe MMA (la santé au cœur d’un dilemme insoluble), le ministre de la santé Xavier Bertrand a profité de la tenue des états généraux de la prévention pour indiquer qu’il fallait s’attaquer en priorité à la mortalité prématurée et aux inégalités dans le domaine de la santé. Manière de poser les jalons pour son successeur, quel qu’il soit.
En effet, si le système de santé français demeure l’un des meilleurs, il n’est pas exempt de failles. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la France est le pays dans lequel l’espérance de vie est la plus élevée après soixante ans. Cette donnée traduit la qualité du système de soins français, qui, considéré comme l’un des plus efficaces en Europe, est aussi l’un des plus coûteux.
Ont ainsi été mises en avant par le ministre de la santé d’une part, la surmortalité avant l’âge de 65 ans, et d’autre part, les inégalités sanitaires entre les catégories socio-professionnelles, entre les hommes et les femmes et entre les différentes régions de France. De plus, notre ministre insiste pour expliquer que cette mortalité prématurée et une part importante de ces inégalités de santé relèvent de facteurs exogènes, dont on comprend qu’il suffirait de les faire disparaître pour améliorer aussitôt l’état de santé des populations concernées : tabac, alcool, facteurs nutritionnels, accidents de la route et suicide (soit près de 160 000 décès considérés comme précoces). Il faut dire que les progrès enregistrés récemment dans les politiques de prévention produisent des bénéfices de santé inégalement répartis selon les régions (les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie, et Bretagne connaissent ainsi un taux de mortalité avant 65 ans situé entre 87,7 et 108 pour 100 000, contre 58,8 et 68,9 pour les régions Alsace, Paca, Ile-de-France, Rhône-Alpes, et Midi-Pyrénées), les sexes (au détriment des hommes) ou les catégories socio-professionnelles (au détriment des catégories les plus modestes.
Est-il besoin d’insister pour démontrer que notre système de santé ne pourra afficher de « bons indicateurs » (puisque ce sont ce que veulent nos responsables politiques) que si le système de santé reste un système solidaire ? Allez, une petite citation du rapport préliminaire du docteur Toussaint : « Concernant les maladies cardiovasculaires, la mortalité avant 65 ans a globalement diminué de 32% entre 1970 et 1990, mais cette diminution a bénéficié trois fois plus aux cadres et professions libérales (- 42%) qu’aux employés et ouvriers (-14%) et plus de sept ans d’espérance de vie séparent en France les catégories socio-professionnelles les plus favorisées des plus défavorisées. Ces dernières sont aussi les plus exposées aux conduites à risque (tabac, alcool, alimentation déséquilibrée...), mais aussi celles dont le recours aux structures sanitaires et aux biens de santé est le plus faible. Réduire les inégalités nécessite donc des prises en charge nouvelles, avec un accès adapté pour les groupes dont les besoins sont les plus importants. »
Ainsi, il est indiqué que les assurés doivent pouvoir bénéficier d’une prestation de santé complète et cohérente dans une logique de réduction des risques. Dans cette perspective sont préconisées des actions à court et à long terme.
À court terme, il convient de : reconnaître la dimension préventive de la pratique quotidienne des professionnels de santé en l’intégrant dans la nomenclature des actes ; développer l’implication des usagers et des professionnels en matière d’éducation thérapeutique et de pratiques cliniques préventives ; instaurer des « rendez-vous santé » débouchant sur des protocoles de prévention (consultations de prévention, dépistage, etc.) ; développer la formation continue (éducation pour la santé ; éducation du patient ; pratiques cliniques préventives).
Et à long terme : structurer les soins ambulatoires autour d’une offre intégrant prévention et soins et favorisant les transferts de compétences ; définir les modes de rémunération des professionnels de santé sous forme d’intéressement en fonction des résultats atteints.
Au regard des inégalités elles-mêmes, et notamment quant à l’organisation territoriale, le rapport avance deux options qu’il propose de retenir : un principe d’équité et de discrimination positive, promouvant des politiques inégalitaires ciblées selon les besoins, comme le dépistage de la tuberculose et une approche communautaire dans le cadre de territoires bien définis.
Dans ce domaine les propositions d’actions regroupent : la création d’un label « Prévention - Ville Santé » sur la base d’un cahier des charges national dont la gestion serait assurée par le Groupement régional de santé publique ; une approche familiale intégrant une préoccupation sociétale forte concernant les jeunes enfants, avec une mobilisation de tous les acteurs (PMI, santé scolaire, médecin traitant, services de pédopsychiatrie) ; la réflexion quant à l’opportunité de création des agences régionales de santé pour améliorer la lisibilité et le pilotage des actions de prévention.
Dans le domaine de la promotion de la santé au travail, il est relevé un manque important de données épidémiologiques permettant de situer le lien entre mortalité et expositions passées, la morbidité des maladies professionnelles, l’adaptation aux handicaps et aux maladies chroniques, enfin la qualité de vie, qui n’est que trop rarement prise en compte.
Les propositions d’actions sont donc de développer l’épidémiologie autour d’un socle de données communes ; de bâtir un système d’information des risques professionnels principaux permettant d’orienter la politique régionale de prévention ; de constituer des réseaux d’alerte sanitaire dans le monde du travail avec l’assurance maladie, l’inspection et la médecine du travail, les partenaires sociaux... ciblant les indicateurs pertinents, issus de l’épidémiologie ; d’accroître l’information et de renforcer la collaboration entreprise - service de santé au travail.
Afin de promouvoir la santé en milieu scolaire, Les objectifs sont avant tout d’inscrire l’éducation à la santé parmi les missions et de l’intégrer dans la formation des personnels de l’Education nationale.
Tout un chapitre est également consacré à l’éducation du patient lui-même à travers notamment l’éducation thérapeutique (aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique) et de la prévention tertiaire (actions visant à réduire la progression et les complications d’une maladie avérée ou d’un problème de santé).
En matière de dépistage, les recommandations du groupe de travail sont les suivantes. Toute proposition de dépistage doit être précédée d’une évaluation a priori. Dans ce cadre, la mise en place d’un système d’information national doit permettre une collecte homogène des données, un suivi comparatif précis des programmes et des pratiques et, in fine, une réduction des disparités territoriales. Les données concernant les dépistages doivent être intégrées dans le volet prévention du DMP afin de permettre un double lien effectif ville - hôpital et prévention - soins. Enfin le rôle du médecin généraliste doit être maintenu au centre des dispositifs de dépistage.
Enfin, un ensemble de réflexion est posé sur la nécessité de mettre la prévention et l’éducation pour la santé au cœur de la formation médicale, de l’évaluation et de la recherche.
Voici les douze propositions d’actions finales :
1. Suppression effective du tabagisme dans les lieux publics, les lieux de travail et d’enseignement
2. Inscription d’un volet éducation pour la santé dans les projets d’établissement scolaire
3. Mise en place d’un programme national d’activité physique, à tous les âges, intégrant plus directement les acteurs du monde sportif et éducatif
4. Expérimentation d’une consultation familiale de prévention
5. a. Labellisation « Prévention Ville - Santé », autour de critères établis de promotion de santé, d’éducation à la santé et d’organisation territoriale de la prévention (vaccination, dépistage...) reposant sur un programme d’évaluation et de validation des sites et b. « Entreprise Prévention - Santé » sur des critères de promotion et d’éducation à la santé, de restauration collective et d’activité physique
6. Mise en place d’un système d’information des risques professionnels à partir des données des services santé-travail
7. Lancement d’un programme de recherche sur les actions et l’économie de la prévention et l’évaluation des politiques publiques
8. Création d’un réseau national de recherche et d’intervention en prévention
9. Optimisation du dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire en application des recommandations
10. Intégration de modules de prévention dans le DMP permettant de personnaliser le parcours de prévention
11. Lancement d’un programme centré sur la jeune mère et la petite enfance
12. Relance des programmes de vaccination incluant de nouvelles campagnes de communication.