Santé : public - privé, l’improbable collaboration ?
par citoyen
vendredi 26 mai 2006
A la suite de la publication de différents articles sur le thème de l’hôpital, de la santé, et compte tenu des réactions de différents lecteurs, le blog-citoyen vous présente quelques exemples de coopération montrant la capacité des professionnels de la santé, qu’ils soient issus du secteur public ou du privé, à s’adapter aux contraintes pour continuer à garantir à la population un accès aux soins de qualité sans nuire à la sécurité et dépassant le mythe de l’improbable collaboration.
En marge du salon Hôpital Expo-Intermedica qui s’est tenu du 16 au 19 mai Porte de Versailles, plusieurs directeurs de centres hospitaliers ont organisé une table ronde sur le thème d’actualité : « Comment reconstruire la chirurgie publique ? », avec pour objectif de présenter leur expérience visant à maintenir, voire à relancer la chirurgie dans leur ville ou leur territoire de santé.
Sont ainsi intervenus le directeur du Centre hospitalier de Cornouailles, Hamid Siahmed, le directeur du Centre hospitalier de Loches, Christophe Verduzier, des représentants des Centres hospitaliers de Narbonne et de Perpignan, le directeur du Centre hospitalier de Digne-les-Bains, Frédéric Rigal et le directeur du Centre hospitalier de Saint-Gaudens. Tous ces établissements avaient pour objectif de maintenir une prestation chirurgicale de qualité dans des conditions de sécurité garanties et dans un cadre économique efficient.
Il ressort de ces expériences que l’objectif de maintenir une activité chirurgicale, voire de la développer, ne peut être atteint que sous condition d’appréhender la nécessité de mettre en place des dispositifs de coopération qui peuvent, selon les situations locales, prendre différentes formes. Il convient de souligner d’emblée que ce type de projet nécessite une implication forte des différents professionnels de santé, et en premier lieu, des médecins eux-mêmes, mais aussi un accompagnement auprès de la population en termes d’information.
Des opérations complexes, impliquant une coopération entre plusieurs structures publiques, et parfois avec des partenaires privés.
Dans le cas du Centre hospitalier de Cornouailles, l’opération a débuté en 1993 avec la fusion des Centres hospitaliers de Quimper et de Concarneau. Celle-ci ne s’est pas réalisée sans conséquence, puisque la maternité et le service de chirurgie de Concarneau ont été fermés, sans pour autant induire de problème de santé publique, a insisté le directeur. C’est ensuite l’Hôpital de Douarnenez, distant de 23 kilomètres, qui a été réorganisé dans le cadre d’une mutualisation des moyens autour du Centre hospitalier de Quimper. Le projet du Centre hospitalier de Cornouailles a également impliqué le Centre hospitalier de Carhaix, distant de 70 kilomètres, par le biais de la création d’une fédération, dans l’objectif que cet établissement géographiquement isolé puisse maintenir une chirurgie de proximité comprenant une permanence des soins. Enfin, une action de coopération avec un établissement privé participant au service public hospitalier, situé à Pont l’Abbé, a également été amorcé. Dressant le bilan de ce type de projet, le directeur a insisté sur la complexité de ces actions de coopération entre un site de référence et des sites de proximité nécessitant une implication forte des médecins. Mais les avantages sont néanmoins à faire valoir, puisque la sécurité pour le patient s’en trouve renforcée, et l’attrait professionnel pour les médecins également.
Les représentants des Hôpitaux de Narbonne et de Perpignan ont, quant à eux, relaté leur expérience de fédération médicale interhospitalière en ophtalmologie et en chirurgie maxillo-faciale, répondant à une situation de vulnérabilité face à un secteur privé prédominant et compte tenu des problèmes d’effectifs médicaux des deux structures publiques.
A Loches, le maintien de l’activité chirurgicale est, quant à lui, passé par une alliance entre le public et le privé, évoluant d’une logique concurrentielle à une logique de complémentarité. Ainsi, aujourd’hui, des médecins du Centre hospitalier universitaire de Tours se rendent à l’Hôpital de Loches pour pratiquer des consultations et des interventions, tandis que les praticiens libéraux ont développé leurs activités dans le cadre d’une clinique ouverte. Ce projet a permis maintenir une chirurgie de « proximité » au bénéfice de la population locale et de bénéficier d’intervenants, publics ou privés, qui sont spécialistes.
Ces rapprochements public-privé ne se font pas sans difficulté, compte tenu notamment des cultures différentes, les chirurgiens du secteur privé ayant une approche clientèle différente de celle des chirurgiens du public. Mais ces solutions permettent souvent de sauver la chirurgie, c’est le cas dans la région de Dignes-les-Bains.
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