Sauver la Sécurité sociale ?

par bisane
lundi 30 juin 2008

Les dépenses de santé explosent... un système solidaire est-il encore vivable ?

Le directeur de la CNAM, ainsi que le gouvernement (à moins que ce ne soit l’inverse) viennent de reculer sur les déremboursements des médicaments dits de confort pour les ALD... mais le problème reste entier.

Je viens de lire cet article : Vers une santé « marchandise » ? intéressant et bien renseigné, mais il ne me semble pas inutile d’élargir le débat...
Il semble en effet que le désir de marchandisation soit bien plus global, et nullement imposé ou insufflé par la Commission européenne...

C’est en particulier vrai de l’hôpital d’une part, de l’assurance maladie d’autre part.

De l’hôpital, parce qu’il lui est de plus en plus demandé de raisonner en termes de rentabilité, au mépris parfois du soin. Parce que d’autre part il est mis en concurrence (du fait de la tarification à l’acte) avec le secteur privé. Une concurrence par essence déloyale, parce qu’oubliant au passage les missions de service public...

Deux chiffres représentatifs à cet égard :

- la part de coûts de l’hôpital a diminué dans les dépenses d’assurance maladie de 42,1 % à 34,5 % entre 1980 et 2003 ;



- le déficit programmé des hôpitaux dépasse les 350 millions d’euros, alors que la Générale de Santé, qui possède 180 cliniques privées, a versé 420 millions d’euros à ses actionnaires.
(voir Sauver l’hôpital public - appel)

De l’assurance maladie d’autre part, parce que la tentation semble de plus en plus grande de se diriger vers des assurances privées, plutôt que vers la Sécurité sociale...
Le gouvernement a déjà instauré des franchises multiples, et les gouvernements successifs ont multiplié les déremboursements... auxquels échappent ceux qui ont les moyens de se payer une assurance complémentaire digne de ce nom (vous savez, de celles qui vous remboursent même les prothèses dentaires...).
Or cette orientation introduit non seulement des inégalités dans l’accès aux soins, mais a toutes les chances de se révéler bien plus coûteuse pour tous ! (voir Vertus de l’économie de marché et assurance maladie.)

 

La convergence de ces deux phénomènes, plus celui décrit dans l’article mis en exergue, ainsi que bien d’autres (lobbying des industries pharmaceutiques, développement des dépassements d’honoraires, tentation d’embaucher sous contrat privé avec intéressement...), indique bien en effet la progression de la conception de la maladie comme une marchandise... au mépris de l’humain. Et avec des coûts en santé publique, et plus largement de lien social, difficiles à évaluer à long terme, mais qui risquent de se révéler énormes et désastreux.

 

Sauver l’hôpital public et l’assurance maladie ne sont pas un combat d’arrière-garde.
Ils sont au contraire un choix de société qui déterminera notre vivre ensemble de demain... ou laissera de plus en plus de personnes sur le bord de la route, ou dans le fossé.

Tandis que d’autres créeront des fortunes.
Car comment expliquer autrement l’engouement des fonds d’investissement pour le domaine de la santé ?

 

Pour réagir :

Pétition en ligne

Ensemble pour une Santé solidaire


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