SMAL, ou la question de l’expérimentation animale
par Isabelle MATHIEU
lundi 24 avril 2006
La Semaine mondiale des « animaux de laboratoires » vient de débuter, samedi 22 avril. Elle a pour objectif de révéler les atrocités que subissent les animaux dans les laboratoires qui pratiquent l’expérimentation animale, et de militer pour la fin de celle-ci.
Tout d’abord, quelques chiffres. Chaque année, on estime qu’environ 100 millions d’animaux de laboratoire sont sacrifiés dans le monde, dont 10 millions en Europe. En tête du peloton, la Grande-Bretagne et la France, la Belgique, l’Allemagne...
Les animaux concernés sont : les souris, les poissons, les oiseaux, les cochons d’Inde, les lapins, les chiens, les chats, les singes, les cochons, les vaches, les chevaux ... Leur provenance est multiple : élevages propres aux laboratoires ou spécialisés, trafics, prélèvements d’animaux sauvages dans leur environnement naturel.
Ils sont utilisés pour différentes expérimentations. Les tests de toxicité comprennent des produits ménagers (détergents, lessives ...), cosmétiques (vernis à ongles, rouges à lèvres, parfums...), pesticides, médicaments... L’administration de ces substances se fait par voie orale (injectées de force dans l’estomac), par voie cutanée (appliquées sur la peau rasée et incisée ou encore dans l’oeil), par inhalation (en chambre d’inhalation ou avec immobilisation par un appareil respiratoire fixé sur leur bouche). Les animaux sont cruellement exploités pendant des semaines, voire des années, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
La recherche médicale utilise les animaux pour l’étude de maladies (Sida, cancer...), la mise au point de vaccins (tuberculose, hépatite B...), le prélèvement de tissus et d’organes, les greffes, les transplantations...
Enfin, l’expérimentation animale est aussi pratiquée dans l’enseignement de la biologie et de la médecine (dissections...), et l’armement (gaz toxiques, brûlures, radiations...).
Aujourd’hui, de plus en plus d’experts scientifiques (Antidote Europe, Equivita, EMP, PCRM...) mettent en doute l’efficacité de cette méthode. La fiabilité des tests est remise en question, car les résultats diffèrent trop d’une espèce à une autre, et peuvent encore moins être transposés au modèle humain. Quelques exemples : la pénicilline est un antibiotique traitant des infections chez l’humain, alors qu’elle est mortelle chez le cochon d’Inde, la découverte d’un vaccin efficace contre la polio a été retardée en raison de l’expérimentation sur les singes qui a induit en erreur les chercheurs, le cancer chez la souris est guéri depuis des décennies mais pas chez l’homme...
L’expérimentation animale peut être dangereuse pour la santé humaine, car les médicaments, obligatoirement testés sur les animaux avant leur mise sur le marché, entraînent des effets secondaires chez l’homme qui ne sont pas toujours présents chez les animaux. Les effets secondaires des médicaments sont la 4e source de mort humaine dans les pays développés. Prenons l’exemple du Vioxx, anti-inflammatoire non stéroïdien, qui a été retiré du marché aux Etats-Unis en 2004 après qu’il eut provoqué 140 000 crises cardiaques, alors qu’il avait été testé sur des animaux et reconnu comme sûr...
Pourtant, des solutions plus fiables, plus rapides, moins coûteuses existent : cultures de tissus et de cellules, puces à ADN, micro-organismes, modélisation et imagerie sur ordinateur, épidémiologie... et d’autres, certainement, qui restent encore à découvrir.
Alors, pourquoi l’expérimentation animale continue-t-elle d’exister ? Les raisons sont nombreuses :
- le manque d’information du grand public, qui croit que l’expérimentation sur les animaux est indispensable pour le progrès de la médecine, que les animaux ne souffrent pas dans les laboratoires (anesthésie, analgésie...)
- la tradition d’une pratique ancestrale
- le manque de volonté politique de promouvoir les méthodes substitutives, et la corruption de certains hommes politiques
- le déficit des moyens financiers pour le développement des méthodes substitutives
- le long processus de validation des méthodes substitutives (entre 9 et 11 ans)
- les chercheurs qui pratiquent l’expérimentation animale à des fins financières et professionnelles et qui refusent de se former à de nouvelles méthodes
- l’industrie du profit que représentent les éleveurs d’animaux, les fabricants de cages, d’appareils de contention et d’instruments de chirurgie
- les industries pharmaceutiques et de cosmétologie qui ont des intérêts économiques et financiers considérables. Elles seraient contraintes par ailleurs à renouveler le matériel de leurs laboratoires pour l’exercice des méthodes substitutives, et surtout, elles ne pourraient plus mettre sur le marché des produits nuisibles, se défendant ainsi de les avoir testés de manière fiable sur des animaux.
Le discours scientifique, largement relayé par les médias, a toujours provoqué crainte et fascination. L’expérimentation animale nous est montrée comme une réalité incontournable si nous voulons guérir de maladies telles que le cancer ou le Sida. Pourtant, derrière, se cache une réalité bien différente ...
Sources :
http://www.artezia.net/animaux/vivisection/vivisection.htm
http://www.stopanimaltests.com/index.aspx
http://www.international-campaigns.org/
http://www.eceae.org
http://www.antidote-europe.org/
http://www.curedisease.net/
http://www.buav.org
http://www.experimentation-animale.org
http://www.petafrance.com/campaigns-viv.asp
http://www.stopeuchemicaltests.com/fr/index.html
http://www.animalexperiments.ch
http://www.onevoice-ear.org
http://www.pcrm.org/
http://www.antivivisezione.it/