Spiruline : un micro-organisme pour lutter contre la famine
par Henry Moreigne
jeudi 19 janvier 2006
Connue des Aztéques, et redécouverte dans les années 1960, la spiruline est une algue verte aux propriétés nutritives exceptionnelles par sa richesse en protéines. Ses qualités comme sa facilité de culture en font un outil de lutte efficace contre la malnutrition des enfants en bas âge.
Ni tout à fait végétale ni tout à fait animale, la spiruline (Arthrospira sp.) est une espèce de cyanobactérie vieille de trois milliards d’années. Son milieu naturel est constitué des eaux chaudes peu profondes et saumâtres de la ceinture intertropicale. Substance de couleur verte, elle est la seule à pouvoir survivre dans les lacs saturés de soude et de matières organiques.
C’est justement au Mexique et par hasard qu’un Français, Hubert Durand-Chastel, va la redécouvrir fortuitement, avant de mettre au point, au début des années 1970, le procédé de fabrication d’une pâte comestible.
Il faudra attendre les années 199O pour qu’une organisation humanitaire suisse, Antenna Technology, en fasse la promotion comme d’une solution au problème de famine dans le monde. Ses militants travailleront notamment à l’amélioration de ses techniques de culture.
Son utilisation en Afrique est depuis essentiellement due à Pierre Ancel, un Français fervent partisan de l’action d’Antenna et militant humanitaire de l’association humanitaire de GDF Codegaz.
La spiruline n’est pourtant pas une solution miracle. Elle permet, certes, de redonner très rapidement de l’appétit et du poids aux enfants, mais pas à vie. Son prix même, modique (12 à 15 euros le kg), reste un obstacle tout comme le manque d’éducation alimentaire des mères, notamment lors du passage du lait maternel à l’alimentation traditionnelle, particulièrement pauvre et déséquilibrée.
Reste une question embarrassante. Comment se fait-il que l’agence des Nations Unies, la FAO, ne reprenne pas à son compte la production de masse d’un produit qui prouve quotidiennement son efficacité ?