Touche pas à ma prostate !

par Pascal GILBERT
samedi 11 avril 2009

Que changent les résultats de la dernière étude européenne sur l’intérêt du dépistage du cancer de la prostate ?

 Il y a quelque temps, j’ai commencé à expliquer comment l’on pouvait juger d’une thérapeutique. Les critères d’efficacité d’un traitement sont, par ordre d’importance décroissante, les suivants :
diminuer la mortalité ;
rendre plus tardive l’apparition des complications, diminuer leur gravité ;
diminuer la douleur ou, plus généralement, améliorer la qualité de la vie.
 
Ce sont ces même critères qui serviront à juger de l’efficacité d’une action d’une action de dépistage. La méthodologie est, grossièrement la suivante : on compare l’évolution d’une population dans laquelle on cherche la maladie (dépistage) à une autre pour laquelle on ne fait rien et où l’on traite la maladie quand elle devient cliniquement apparente.
Après quelques années on compte les morts, les malades dans chacune de ces cohortes, on compare la qualité de vie et on voit s’il y a un quelconque avantage à dépister et traiter précocement la maladie ou s’il vaut mieux laisser les choses en l’état, la nature agir.
 
Revenons à notre prostate. Jusqu’à dernièrement il n’y avait que les urologues (ceux qui ôtent les les prostates) à prôner le dépistage. L’ensemble des autorités sanitaires françaises (la HAS) et internationales le déconseillaient (http://www.ahrq.gov/CLINIC/uspstf/uspsprca.htm). Le désaccord était profond mais il devait être tranché avec les résultats de l’étude multicentrique qui se déroulait en Europe. Ceux-ci sont tombés et les urologues exultent : dans la population dépistée on retrouve 20% de moins de décès liés au cancer de la prostate par rapport à celle où l’on ne fait rien. 
 
Le buzz internet s’est déjà mis en branle et l’on peut lire : 
« Cette étude montre qu’il existe une différence de mortalité spécifique de 20% entre le bras systématiquement dépisté et l’autre », annonce avec enthousiasme le professeur Pascal Rischmann, Président de l’Association française d’Urologie (AFU), qui a participé à la partie française de l’étude. « C’est très important, car cela fait des années que nous nous demandons si un dépistage bien organisé du cancer de la prostate serait susceptible de réduire la mortalité. La réponse aujourd’hui, est on ne peut plus claire ! »
http://www.futura-sciences.com/fr/news/d/cancer-de-la-prostate-le-depistage-reduit-la-mortalite-de-20_18645/
 
Alors, convaincu ? Ben non... Touche pas à ma prostate ! Pourquoi ? Simple 
Au total il ne m’apparaît pas opportun de pratiquer un dépistage qui ne se traduira pas par un allongement de mon existence, qui se trompe une fois sur deux et qui propose des traitements qui risquent de me rendre impuissant ou incontinent.
 
 
Pour se faire son idée :
 

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