Tuberculose : le retour

par Henry Moreigne
jeudi 12 octobre 2006

 Le 10 octobre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Croix-Rouge ont instamment engagé les dirigeants européens à lutter contre l’augmentation alarmante des cas de tuberculose multirésistante à leur porte, notamment en Europe orientale.

Selon le secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : "La résistance aux médicaments à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés constitue sans doute le défi le plus grave en matière de tuberculose en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale."

La tuberculose est une maladie infectieuse causée par un germe et qui se transmet par voie aérienne, lorsqu’une personne infectée éternue, tousse ou respire. La tuberculose s’attaque principalement à l’appareil respiratoire, mais elle peut tout aussi bien s’en prendre à d’autres organes. Elle se manifeste notamment par de la fièvre, des sueurs nocturnes, une perte de poids, une douleur thoracique et de la toux.

Il y a cinquante ans, aucun médicament ne permettait de soigner la tuberculose. Aujourd’hui, une association d’antibiotiques est utilisée pour traiter les tuberculeux, mais le traitement doit être suivi au minimum six mois (et jusqu’à deux ans). L’OMS estime que, d’un point de vue de santé publique, un traitement incomplet ou mal suivi est pire qu’une absence de traitement. En effet, un traitement mal suivi n’élimine pas l’infection, mais peut provoquer chez le malade l’apparition de bacilles résistant aux antibiotiques. Lorsqu’ils peuvent être traités, ces cas de tuberculose résistante sont cent fois plus coûteux que les cas de tuberculose traités par les traitements standards. Ces personnes dissémineront alors des bactéries résistantes aux antibiotiques.

La tuberculose est dite multirésistante, en raison de sa résistance à au moins deux des principaux antituberculeux, soit l’isoniaside (INH) et la rifampine.

Le BCG, mis au point par Calmette et Guérin, n’est pas un vaccin pleinement efficace. Bien qu’il soit très utile pour prévenir les formes graves de la maladie chez les jeunes enfants (près de 90% d’efficacité), il ne protège les adultes que dans un cas sur deux. Il ne permet donc pas d’empêcher la transmission de la maladie et d’enrayer ainsi l’épidémie mondiale.

Chaque année, environ 450 000 personnes contractent la turberculose en Europe orientale et en Asie centrale. Près de 70 000 personnes en meurent. Maladie des pauvres, elle s’est trouvée relancée en Europe occidentale par la paupérisation croissante d’une partie de la population et, dans les anciens pays de l’Est, par l’effondrement combiné de l’économie et des systèmes de santé.

L’épidémie de Sida, notamment en Russie et en Ukraine, est également un facteur important de ce développement, car la baisse des défenses immunitaires qu’il provoque favorise l’apparition de la tuberculose et aggrave l’impact de cette maladie.

L’OMS estime qu’entre 2000 et 2020, près d’un milliard de personnes seront nouvellement infectées, et que 200 millions d’entre elles développeront la maladie, 35 millions en mourront si aucune amélioration n’est apportée dans le contrôle de cette infection. Du travail en perspective pour le french doctor, Bernard Kouchner, donné comme l’un des favoris dans la course à la désignation du futur directeur général de l’OMS.


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