Un consentement non éclairé

par Catherine Coste
vendredi 19 mars 2010

Les lois bioéthiques de 2004, actuellement en cours de mise à jour, prévoient le consentement éclairé au don de ses organes à sa mort. Un consentement éclairé suppose une information au préalable. Le Parlement européen vient de proposer la possibilité d’inscrire la position de chaque citoyen, pour ou contre le don d’organes, sur sa carte d’identité. 

« Le Parlement européen a annoncé une série de mesures pour les dons d’organes. Objectif : réduire le délai d’attente.
Les greffes d’organes sont aujourd’hui l’objet d’une problématique grave : les délais d’attente sont beaucoup trop longs par rapport aux besoins des malades. Pour tenter de rendre ce délai plus court et améliorer la qualité des dons, le Parlement européen vient d’annoncer une série de mesures pour faciliter le don dans les pays membres.

Parmi ces mesures, le Parlement souhaiterait donner la possibilité à chaque citoyen de s’inscrire sur un registre rassemblant tous les donateurs. De plus, un signe distinctif sur la carte d’identité pourrait permettre de savoir rapidement si la personne souhaite donner ou non ses organes. Cependant, l’identité des donneurs et des receveurs d’organes devra être toujours protégée, conformément aux règles nationales. » (Top Santé)

 

Les citoyens sont-ils informés qu’une situation d’"arrêt cardio-respiratoire persistant" peut faire de toute personne victime d’un arrêt cardiaque un potentiel donneur d’organes (reins, foie), dit "donneur décédé", tout en étant réanimé pour préserver les organes à des fins de transplantation ? Sont-ils informés de la polémique engendrée par les prélèvements "à coeur arrêté", c’est ainsi que se nomme cette modalité de prélèvement d’organes (prélèvements "à coeur arrêté"), qui correspond en fait à une situation d’"arrêt cardio-respiratoire persistant" ? Sont-ils informés de la discorde qui règne au sein du corps médical au sujet de cette modalité de prélèvements, qui s’effectue en France depuis 2008, sans la moindre information auprès des usagers de la santé ?


Petit sondage au MEDEC, le congrès de la médecine générale, qui se déroule ces jours-ci au Palais des congrès de Paris. Parmi la vingtaine d’exposants interrogés, deux seulement étaient au courant de la pratique des prélèvements "à coeur arrêté". Parmi la vingtaine de médecins généralistes participant à ce congrès, seuls quelques uns étaient "un peu" au courant qu’"effectivement, les prélèvements ’à coeur arrêté’ ont repris, j’ai lu ça dans le Quotidien du Médecin, mais il faut que je me renseigne plus précisément."

Les professionnels de santé eux-mêmes, pour une large part, ne sont pas au courant de la pratique des prélèvements "à coeur arrêté" ! Ne parlons même pas des usagers de la santé. Le Pr. Jean-Michel Boles a parlé, le 30 juin 2009 à l’Assemblée Nationale d’un "silence médiatique étourdissant". La situation a-t-elle changé depuis ? L’info est-elle passée ? Absolument pas. Et pour cause ! Pour cause de polémique au sein même du corps médical, au sujet des prélèvements "à coeur arrêté".

La pénurie d’organes à greffer est un problème grave. Ne va-t-on pas aggraver le problème en "forçant" le don, quitte à extorquer aux usagers de la santé un consentement non éclairé ? Le Parlement Européen veut-il transformer le don d’organes en devoir ?

Le dû d’organes

En France, nous sommes encore en démocratie. Pour combien de temps ? Il devient urgent de faire du lobbying auprès des membres du Parlement européen travaillant sur ce dossier ...

 

 

Lire l'article complet, et les commentaires