Un observatoire national du stress au travail, lancé par des syndicats
par N.E. Tatem
mardi 3 juillet 2007
L’observatoire a été lancé, mercredi 20 juin 2007, par les deux syndicats SUD et CFE-CGC... Comme son nom l’indique, il tentera de surveiller les conditions de travail en tenant en alerte le baromètre de niveau du stress afin de mettre au-devant et à jour l’information afférent à la situation.
Blog de l’auteur consacré au suicide au boulot, intéressant pour le nombre de visiteurs, le sondage aux résultats visibles au public et autres liens ou contenus : http://www.universflash.com/blogs/suicid-o-job/
Devant une restructuration économique qui a dans son collimateur 22 000 suppressions d’emplois d’ici 2008 déclarés d’emblée en départs volontaires, France télécom connaît le branle-bas au sein de son personnel. Depuis la dernière semaine de juin 2007, la privation de 5 % du capital décidée par le gouvernement Fillon permettra de rendre disponibles 280 millions d’euros d’argent frais.
Depuis sa privatisation en 2003, elle tenait au projet de la remise à niveau de sa rentabilité, c’est-à-dire l’augmentation des bénéfices par la méthode simpliste et écourtée de diminution des effectifs. Donc les dépenses salariales et des charges y afférentes sont à la première ligne des réductions. Elle prévoit par ailleurs 6 000 nouveaux recrutements dans le but de renouveler ses effectifs.
D’après les syndicats, l’entreprise a connu 5 400 départs en préretraite et 2 200 retraites sur un total de 10 300 de suppressions en 2006. Les 2 700 restants sont certainement ces départs volontaires, indemnisés ou bénéficiant d’autres programmes : retour à la fonction publique, l’essaimage (création d’entreprise) et Plan personnel accompagné (projet professionnel en dehors du groupe). Dans l’opacité du moins sans que nous puissions déchiffrer la procédure des sorties déjà faites, malgré nos contacts avec le syndicat SUD-PTT, les créneaux de redirection sont inconnus. La direction a annoncé à des confrères de la presse, elles se sont effectuées sans pression. Rajoutant à propos du stress afférent aux 22 000 départs "... c’est un objet de réflexion et d’action au sein du groupe".
Comme d’habitude, le stress qui apparaît plus un symptôme qu’une pathologie neuro-psychologique, n’est pas reconnu par la direction comme une menace sanitaire. Dû principalement à l’incertitude : Sur qui tombera l’éviction du travail ? Une ambiance angoissante plane au niveau des travailleurs.
Outre l’absence d’une concertation poussée entre partenaires sociaux qui sont tous deux face au nombre, rendu public, de suppressions de postes. Devant l’objectif fixé des logiques financières, il est impératif de contrôler l’état du moral des employés anxieux pour leurs avenirs profesionnels.
L’observatoire a été lancé, mercredi 20 juin 2007, par les deux syndicats SUD et CFE-CGC de cette entité. Comme son nom l’indique, il tentera de surveiller les conditions de travail en tenant en alerte le baromètre de niveau du stress afin de mettre au-devant et à jour l’information afférent à la situation.
Les deux premières actions de cet observatoire sont la mise en ligne du site web http://www.observatoiredustress.org et la diffusion d’un questionnaire anonyme d’une cinquantaine d’interrogations : les conditions de travail, sentiment de stress, pénibilité, charge de travail, relations avec la hiérarchie. D’après certains employés de France-Telecom, il sont inaccessibles à partir des ordinateurs des lieux de travail de cet opérateur. Les informations recueillies, témoignages et réponses d’enquête, permettront de dresser l’état des troupes d’une part. De l’autre, elles serviront à un comité d’experts monté en la circonstance d’analyser et d’apporter des réponses. Ces données peuvent donc permettre d’interpeller la direction en cas de besoin ou de gravité.
Le premier bilan de cet observatoire qui a vocation et ambition d’agir au niveau national, sera fait mi-août 2007 selon ses initiateurs.
Il convient de signaler que le premier suicide du technocentre de Renault-Guyancourt (78 : Yvelines), reconnu comme accident de travail par la CPAM des Hauts-de-Seines, a fait l’objet d’un recours devant le tribunal par l’entreprise afin de lui retirer cette classification.
Ils dénoncent les "mobilités forcées", les "pressions intolérables" de la hiérarchie et "les restructurations, transferts et fermetures de sites", entretiens individuels "de plus en plus fréquents", propositions de mutation "sans alternative", "menaces de placardisation" : Patrick Ackermann, secrétaire de SUD-PTT, décrit "un système d’exclusion, une machine à mettre les gens sur la touche".