Véolia : « si le service de com’ commence à parler de vérité, on est dans la merde ! »

par Freddyy
samedi 22 mai 2010

Siège de Veolia. Sophie Legall, la journaliste qui a réalisé le documentaire choc du « Poison dans l’eau du robinet » interroge le Directeur du centre d’analyses environnemental de Véolia.
 
Elle pose des questions sur l’Atrazine, un puissant pesticide interdit depuis 2003 mais que l’on retrouve toujours dans l’eau du robinet.
 
Après l’entretien, le Directeur environnemental, rend compte de l’interview à son supérieur hiérarchique et à l’attaché de presse de Véolia. Le malheureux oublie que son micro-cravate fonctionne toujours. Ce qui permet à la journaliste d’enregistrer la scène que nous avons retranscrit : 
Le directeur environnemental :

- « [Ils m’ont demandé] est ce qu’il y a des villes où il reste de l’atrazine ? »
Le supérieur :

- « Tu n’as pas donné de noms de villes ? »
Le directeur environnemental :

- « Non, non.. »
L’attaché de presse :

- « C’est la vérité… »
Son supérieur :


- « Alors si vous le service de la com’ et de la presse vous commencez à nous parler de vérité, on est dans la merde. »

Depuis des années, les distributeurs d’eau privés mais aussi les Agences de l’eau, les services sanitaires (DDASS, Ministère de la Santé, Ministère du Développement Durable, Régions, Communes, AFFSA) nous serinent que l’ « eau est l’aliment le plus contrôlé en France  », que plus de « 300 prélèvements par an sont effectués ». Et même que l’eau du robinet « est bonne pour la santé »…
 
 
Radon, aluminium, pesticides et nitrates dans notre eau :
 
Mais en matière de santé publique, on est en droit d’exiger autre chose que des réponses purement marketing. Le reportage diffusé hier sur France 3 a le mérite de battre en brèche les habituels poncifs inspirés des plaquettes quadri-chromes-en-papier-recyclé éditées par les acteurs de l’eau du robinet.
D’une façon rigoureuse, cette enquête met en évidence plusieurs scandales :

- la présence de radon, un gaz radioactif naturel très dangereux dans certaines régions. Ce gaz n’est pas investigué par les autorités sanitaires. Aucune norme ne prévoit un plafond maximum de radon. Dans le Limousin, un ingénieur nucléaire mesure une dose de 255 000 becquerels dans une aire de captage. Sa réaction laisse pantois :

- « 255 000 becquerels par mètre cube !!! Ne restez pas là, je n’ai jamais vu ça en dix-sept ans de carrière.  » 

- la forte teneur en aluminium dans l’eau du robinet, traitée par les petites stations. L’ingestion d’aluminium est mise en cause dans le développement de la maladie de Parkinson.

- les dépassements de la teneur en nitrates et de pesticides de l’eau du robinet. Les nitrates privent l’organisme d’oxygène et sont particulièrement toxiques pour les enfants et bas âge et les femmes enceintes. Les insecticides sont soupçonnés d’être responsables de nombreuses affections neurologiques mais aussi des cancers du sein et de la prostate.

- la prolifération des molécules médicamenteuses – plus de 300 ! – dans notre eau du robinet. On connaît les effets de ces rejets sur la faune (féminisation des poissons, etc.). Mais on connaît mal les effets induits pour la santé de l’homme.
 
 
Une bureaucratie de l’eau ?
 
Tout aussi inquiétant, la journaliste Anne-Sophie Legall pointe une « chaîne de responsabilités qui fonctionne comme si les maillons agissaient isolément les uns des autres. » 

En clair, responsables sanitaires publics et privés se renvoient la patate chaude sans jamais agir. C’est le cas de la DDASS qui transmet les analyses révélant la présence d’atrazine aux distributeurs d’eau. Distributeurs d’eau qui demandent mollement à l’Etat d’intervenir auprès des agriculteurs. Jusqu’au préfet qui n’osent pas froisser les agriculteurs.

Pendant ce temps là, l’eau est jugée potable. Bien des préfets accordent des dérogations aux maires lorsque la teneur en nitrates ou pesticides est supérieure au seuil autorisé. Sur les relevés de la DDASS, l’eau devient donc « conforme par dérogation. »

Même inertie sur l’aluminium. La responsable sanitaire de l’Affsa ne découvre pas le lien entre aluminium et maladie Alzheimer. Elle stoppe net l’interview lorsqu’il est abordé : « Bon.... Je demande que l’on cesse l’émission... Arrêtez de tourner... ».

Tout se passe comme si cette dilution des responsabilités entre acteurs privés ( distributeurs concurrents, stations d’épuration) publics (état, collectivités locales) et para- publics ( agences de l’eau) , avait engendré la création d’une gigantesque bureaucratie incapable de s’ adapter aux situations locales et à l’émergence de nouveaux polluants.

Une bureaucratie privée et publique compétente pour nous éviter les maladies les plus spectaculaires et fréquentes dans les pays du tiers monde (colibacille, diarrhées etc.). Mais une bureaucratie sourde et aveugle pour protéger femmes enceintes et enfants en bas âge des nitrates. Et peu soucieuse de nous éviter une exposition quotidienne à des produits dont on sait qu’ils peuvent favoriser à moyen et long thermes le développement de cancers (du sein, de la prostate) ou de troubles neurologiques ( Alzheimer, Parkinson).

Alors dans ce contexte, et pour paraphraser le responsable de Veolia, « si on commence à parler de vérité, on est TOUS dans la merde »…
 

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