Vivre sa vie après avoir subi une erreur médicale

par Nadia Méhouri
mercredi 19 novembre 2008

En 1983, cette femme a subi une intervention chirurgicale qui a nécessité une transfusion sanguine. 30 jours après on lui annonce qu’elle a été contaminée par une Hépatite dite « non A non B » lors de la transfusion. Cela se passait à l’hôpital Bon Secours de Metz.

Aujourd’hui elle va en cour d’appel afin de réclamer des dommages et intérêts pour les multiples séquelles de cette maladie qui lui rongent son quotidien : « Jambes sans repos » (jambes en activité incontrôlée permanente), « thyroïde atrophiée » qui eux même nécessitent des traitements lourds avec d’autres effets secondaires autrement plus lourds. (Insomnies, maux de tête, etc.)

Cette maladie qui faisait des ravages dans son corps n’était pas encore reconnue comme dangereuse et ne répondait donc à aucun protocole de soins. Si bien que malgré des symptômes invalidants, cette vendeuse en mercerie continuait de travailler autant qu’elle le pouvait :« Il n’y avait aucun traitement à l’époque, donc je vivais couchée avec des arrêts de travail, des régimes alimentaires. J’étais constamment fatiguée, je travaillais malgré tout dans des conditions très difficiles avec pleins d’effets secondaires tels que des ulcères cornéens dans les yeux, des grosses fatigues, des nausées permanentes dus au déficit immunitaire causés par cette maladie.  »

En 1990 on donne enfin un nom à cette maladie mystérieuse : On l’appellera L’hépatite "C".

C’est en écoutant en 1991 un discours de François Miterrand le président de la République de l’époque sur l’affaire du sang contaminé qu’Annick décide de lui adresser un courrier. Le président lui répond et la met en contact avec Jean-Yves Caullet le chargé de mission du ministère de la santé qui ordonne au centre de transfusion de rechercher le donneur malade.

J’ai enfin pu rencontré le directeur du 
«  centre de transfusion sanguine de la Moselle  » qui m’a avoué : « On sait que vous avez été transfusée par nos soins, vous avez eu deux poches de sang contaminé, on a retrouvé le donneur. »

Après de multiples recherches de soutien, Isabelle se tourne vers l’association « AAVAC » basée à Bordeaux. Avec leur aide elle trouve un avocat avec qui elle intente un procès contre le centre de transfusion responsable de cette erreur médicale. elle obtient gain de cause en cour d’appel ou on reconnaît enfin que sa maladie est bien due à « l’hépatite C post transfusionnelle. »Elle est indemnisée à hauteur de 500 000 francs anciens en 2000 soit 76 000 euros, pour avoir été contaminée par l’hépatite C, pour « préjudice moral », « pretium doloris » et « préjudice d’agréments ».

«  J’’ai du dépenser près de 250 000 francs soit 38 000 euros en frais d’avocats, frais d’huissiers, pour mes allées et venues sur Paris afin d’y rencontrer des experts

médicaux, gastro enterologues et autres visites médicale,s, biopsies, prélèvements de foie..  »

Ceprendant, les effets secondaires de la bi thérapie ( Interféron et rivabirine) qu’elle a dû subir restent et persistent. Elle assigne donc à nouveau le centre de transfusion sanguine de Moselle en justice depuis 2002 pour obtenir des dommages et intérêts pour ses pertes de salaires et son invalidité forcée causée par cette maladie indésirable.

Aujourd’hui, à 67ans Annick F vit avec une retraite de 600 euros par mois, le minima social. « Si j’avais pu travaillé normalement, j’aurai eu une retraite plus élevée, mais je me suis retrouvée en longue maladie trop tôt. Mon avocat a fait le nécessaire mais comme toujours la partie adverse refuse de reconnaître ses torts et ralentit le procès à coups de contre expertises dont le dernière m’a coûté 1600 euros, argent que j’ai du emprunter. Quand vous voyez toutes les difficultés administratives et judiciaires qui se dressent devant vous alors que vous êtes affaibli par la maladie et les insomnies, vous avez juste envie de baisser les bras. Je sais que beaucoup de victimes de ces transfusions sont mortes dans le silence pour la plus grande majorité. Moi je continuerai jusqu’au bout quoiqu’il arrive puisque aujourd’hui avec un quatrième avocat je vais en cour d’appel. »

Selon les chiffres de l’association AAVAC, 500 000 à 600 000 personnes sont atteintes d’Hépatite "C" à ce jour en France. La voie principale de contamination est la voie sanguine. 40% des malades porteurs du virus "C" ont été infecté par transfusion sanguine. Il y a donc en France aujourd’hui 2 à 300.000 personnes contaminées par transfusion sanguine. En l’absence de Fonds d’Indemnisation identique à celui créé pour le Sida, les victimes des Hépatites "C" post transfusionnelles n’ont pour seul recours, pour obtenir une indemnisation, que d’engager une procédure contre les Centres de Transfusion Sanguine responsables de la fourniture de produits contaminés.

*AAVAC : Association d’aide aux victimes d’accidents corporels et d’erreurs médicales.

Nadia Méhouri.

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