11 - Restaurer le rayonnement de la Gendarmerie
par La Grogne
vendredi 16 septembre 2011
Dans un essai, M URVOAS, député, spécialiste de la sécurité pour le parti socialiste nous propose onze propositions chocs et pourtant nécessaires.
A l'heure où les Gendarmes sont définitivement rejetés par M Sarkozy, La Ggrogne vous propose une discussion autour de la onzième proposition qui concerne la Gendarmerie Nationale.
Voilà la dernière proposition du député URVOAS, dans son essai « 11 propositions CHOCS pour rétablir la sécurité » : Restaurer le rayonnement de la Gendarmerie.
Au mois de septembre, le chiffre 11 attire inévitablement l’attention. Faut-il voir dans cet ouvrage et les chiffres choisis, le point de départ d’une prise de conscience collective, je n’en sais rien, mais une chose est certaine, le Parti socialiste ne pourra ignorer que l’essentiel a été dit.
Sans faire de bruit, sans nous assaillir sur les médias, un député travaille et réfléchit. Ne pensez pas à un parti pris politique, mais nous sommes dans l’obligation de constater que la droite ne propose à la gendarmerie qu’humiliation et frustration. C’est un fait, un constat, une réalité qui s’impose.
Sans trop m’avancer, je crois bien que l’emploi des CRS en Libye soit la dernière humiliation que Monsieur Sarkozy pouvait infliger à une communauté tout entière. Il a fait le tour. Il a militarisé ses policiers civils et peut poursuivre désormais la dissolution de la Gendarmerie Mobile.
Là aussi, un fait, un constat, une réalité qui s’impose et tous les discours ne pourront jamais réconcilier les gendarmes avec ce pouvoir déterminé à détruire la Gendarmerie.
Je ne comprends pas que la haute hiérarchie accepte cela et tende l’autre joue à chaque coup. Il y a des moments où il faut savoir partir, histoire de dignité, histoire de montrer qu’on n’abandonne pas ses troupes.
Faute de cela, c’est l’autorité de toute la hiérarchie qui est vacillante parce que plus légitime. Si on voulait nous préparer des manifestations en cette période quasi pré-révolutionnaire, on ne s’y prendrait pas autrement.
Malgré ce « ground zéro » de la Gendarmerie Nationale Française, tournons-nous vers ceux qui ont encore un peu de respect pour cette vieille institution et regardons ensemble la 11ème proposition du député URVOAS : Restaurer le rayonnement de la Gendarmerie. Nous n’allions pas laisser les seuls criminologues s’y pencher, malgré tout le respect que nous avons pour eux, tout en sachant comme le dit M URVOAS, que la conception des décisions se base sur la réflexion des scientifiques.
Je vous propose une discussion sur cette proposition.
Le parti socialiste, par la voix de son « shadow » ministre de l’intérieur, renonce à renvoyer la gendarmerie à sa place, au ministère de la Défense. Il argumente autour de plusieurs thèmes, mais le plus pertinent est à mon sens celui de la priorité.
La tache à accomplir est tellement imposante, en matière de sécurité, que l’heure n’est pas à déplacer les outils. Je ne consens qu’à ce seul argument, au fond.
Dans le cadre du nouveau ministère qui fait l’objet de la proposition numéro deux (voir ici ), il est probable également que les équilibres seraient rétablis entre police et gendarmerie.
Le risque est grand de voir le fossé avec le monde militaire devenir définitivement infranchissable, mais M Urvoas nous propose une véritable avancée dans la création d’une fonction publique militaire placée auprès du Premier ministre « qui veillerait à la cohérence de l’évolution des statuts et aux grands équilibres entre les militaires et les fonctionnaires civils »
De mon côté, j’attends toujours que les gendarmes manifestent leur volonté de rester militaires et ne restent plus tête baissée lorsque deux parlementaires viennent leur faire la leçon ( Rapport bilan loi sur la Gendarmerie ). Mais l’herbe étant toujours plus verte ailleurs, la syndicalisation rampante soigneusement entretenue, je doute de voir un jour un président de personnel militaire venir se réclamer de sa condition militaire.
Le discours de M Urvoas doit être complété par une réflexion sur le droit d’adhérer à des associations professionnelles dans le cadre de cette fonction publique militaire à naître, naissance à laquelle nous serions enchanté de participer, d’ailleurs.
L’essayiste recherche ensuite les avantages pour les gendarmes d’un retour au ministère de la Défense. Oui, il y aurait des conflits avec les militaires. Il y en a toujours eu, tout au long de l’histoire, mais la raison en est le contrôle de l’action des armées sur les théâtres d’opérations, toujours mal vus, pas autre chose. Le pays a besoin, la démocratie exige qu’un contrôle soit exercé sur les armées. La position de la gendarmerie au ministère de l’intérieur n’est pas un progrès dans cet objectif. Les militaires ne vont d’ailleurs pas tarder à demander une prévôté sous leur contrôle hiérarchique complet et direct. C’est à mon sens la suite logique des décisions prises, à défaut de la dé-judiciarisation de leurs actes.
Je ne change pas d’avis, mais il convient, dans la situation actuelle, de voir ce que peut-être cette fonction publique militaire et surtout j’appelle de mes vœux ce ministère consacré à la justice et à la sécurité.
Je crois bien savoir que c’est l’expérience qui conduit M Urvoas à penser qu’un civil doit diriger la gendarmerie.
J’ai toujours été convaincu que les fils spirituels de Pasqua s’accommodent mieux d’un militaire pour des raisons pratiques et que les députés qui se sont félicités de la nomination d’un gendarme à la tête de la gendarmerie ont été soit trompés, soit légers, soient mettaient en place le dernier outil nécessaire à la fusion de la gendarmerie dans la police.
Oui, Monsieur Urvoas, vous avez raison. Oui, un général à la tête de la Gendarmerie rend, de fait, le poste du major général sans objet. En ces temps de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, il y avait un poste à gagner, pourrions nous sourire.
Nous nous interrogeons ensuite sur les qualités que doit avoir cet homme pour diriger et défendre la Gendarmerie. Nous avons subi de nombreuses expériences, pas toutes heureuses. Vous proposez un conseiller d’Etat. Je n’ai pas la qualité pour donner mon avis, mais ce conseiller doit connaître l’Institution, et je lui conseille de rencontrer les gens qui vont lui décrire le pire de ce que cette institution peut produire sur le plan humain, avant les discours sur le meilleur.
Je souhaiterai quand même signaler le travail actuel sur la formation des militaires de la gendarmerie mis en musique par le Général Cavallier sous l’impulsion du Général Gilles, pour reconnaitre que tout n’est pas noir tout de même. Ce n’est qu’un exemple à mettre au crédit d’une hiérarchie qui ne devait pas s’impliquer dans l’action politique pour laisser un directeur civil s’en charger. La Gendarmerie, ils connaissent, mais les manœuvres dans les cabinets sombres ne sont pas faites pour eux. Nous sommes bien d ‘accord.
L’auteur propose de rendre sa place aux gendarmes dans le dispositif gouvernemental pour les sortir de la situation d’exécutant des policiers dans laquelle ils se trouvent actuellement. Je vais ajouter que, non seulement vous renforcez la gendarmerie avec ces nominations à l’Etat-Major particulier de la Présidence de la République, que vous citez en exemple, mais en plus vous lui assurez le recrutement des meilleurs de nos soldats, monsieur.
M URVOAS aborde les carrières des officiers supérieurs et leur concède le passage vers le corps préfectoral à égalité avec les policiers.
A moins que je ne me fasse une fausse idée de l’organisation de mon pays, je ne vois pas plus des policiers bombardés préfets que des gendarmes les suivre sur ce chemin.
Quelles sont ces administrations où les chefs n’ont d’autres ambitions que de les quitter pour satisfaire un carriérisme exacerbé ? Comme le dit le bon sens populaire, "chaque chose à sa place ". Un policier fait la police, un gendarme le gendarme et un administratif l’administration. Poussés par les officiers de police qui veulent leur place, les commissaires se retrouvent éjectés dans la préfectorale. Un bon ministre de l’Intérieur doit remettre les choses en place, soit dit en passant.
Voilà, après le « ground zero » de la Gendarmerie quelques perspectives pour les gendarmes.
Certes, le CFMG fera semblant de les ignorer, certes les PPM ne les évoqueront pas sur les forums, voire les masqueront, mais qu’ils se mettent bien dans la tête que les instances de concertation dans la gendarmerie n’ont de sens que s’il y a UNE GENDARMERIE.
En cas de catastrophe, les gendarmes apprennent à traiter les problèmes selon le degré d’urgence. L’urgence est bien de préserver l’institution.
Bon et cette fonction publique militaire, on en reparle quand ?