80% des parents Français battent leurs enfants
par Cbx
vendredi 29 avril 2011
C'est le message qui apparait en filigrane dans le clip de la fondation pour l'enfance paru jeudi, dénonçant les maltraitances infantiles. Petite réaction à chaud suite au reportage de BFMTV sur le sujet.
Je suis d’un naturel assez calme, et aucunement porté sur la violence. Pourtant il m’est arrivé de prendre quelques gifles… 3 pour être exact… à des moments de mon enfance dont je me souviens parfaitement : ces moments où l’on prend conscience de son pouvoir de manipulation sur ses parents, et où on cherche à savoir jusqu’où ils sont prêt à aller pour exaucer nos moindres désirs. Ces moments où on teste les limites, pour mettre à l’épreuve l’autorité parentale. Avec le recul, je m’aperçois que mes parents ont toujours été justes, et que j’avais amplement mérité mes 3 gifles, car aucune discussion n’était possible quand je piquais des colères noires dans le seul but d’exercer ma tyrannie. Depuis, les limites ont toujours été claires pour moi, et cela ne m’a pas empêché de developper un esprit libre et de remettre en cause l’autorité quand elle me semblait à son tour tyrannique.
Et c’est pour cette raison que la campagne actuelle tentant de criminaliser les « punitions corporelles » me met hors de moi. Le spot contient plusieurs messages, dont je trouve l’enchainement parfaitement sidérant. Tout d’abord on assiste à une scène où la mère gifle violement sa fille, qui vient de renverser son verre. Pour le coup, je suis plutôt en accord avec le spot : dans ce cas la gifle est clairement abusive. Ensuite vient la scène de la grand-mère qui s’excuse auprès de sa fille… Et c’est là que ça se gâte, car le message qui suit est le suivant : « des parents qui battent ont souvent été des enfants battus. Eduquons nos enfants sans violence, ni claques, ni fessées. ». Là le message est clair : mettre une gifle ou une fessée revient à battre son enfant, le terme "battre" évoquant plus volontier un sévice qu'une punition. Le sujet de BFMTV enchaine ensuite sur une statistique : 80% des parents français ont recours aux punitions corporelles. Cela signifie-t-il qu'il y a en France 80% d'enfants battus ? Vient ensuite l’interview du docteur Gilles Lazimi, qui nous explique qu’un enfant qui reçoit une gifle voit son estime de soi diminuer, et n’hésite pas à relier le chiffre des punitions corporelles à celui de la consommation de psychotropes en France... Si on résume, gifler son enfant revient à le battre, ce qui peut entrainer de grave séquelle psychologiques nécéssitant la consommation de psychotropes. Autant de raccourcis simplistes en 1 minute et 10 secondes de vidéo relève de l’exploit… Le spot se conclue par une phrase annonçant que 28 pays ont déjà interdit les punitions corporelles, et c’est là qu’on comprend de quoi il s’agit…
Car cette vidéo ne me ferait pas autant réagir si elle ne faisait pas écho à une proposition de loi visant à interdire les châtiments corporels envers les enfants, déposée par la pédiatre et députée UMP Edwige Antier, et en attente d’examen au parlement. Interdire les punitions corporelles me semble être un coup supplémentaire porté à nos libertés individuelles. Qui n’a jamais assisté à une scène au supermarché, d’un enfant hystérique jetant à terre tous les produits d’un rayon parce qu’on lui a refusé un paquet de bonbons ? Et de voir, médusé, les parents accroupis remettant au fur à mesure chaque produit à sa place, et expliquant avec l'air absent que "ce n’est pas bien" ? Seront nous tous désormais condamnés à être les acteurs impuissants de ce genre de scénario ? Si dans ces conditions, un parent s'emporte et gifle son enfant en public, verra-t-il la police débarquer au domicile familial et sera-t-il arrêté pour "punitions corporelles", mettant ainsi un terme définitif à la légitimité de son autorité parentale aux yeux de ses enfants ? Il est déjà suffisement difficile d'éduquer correctement ses enfants, à quoi bon rajouter la menace judicière ?
De plus, je pense qu'encore une fois les pédopsychiatres se trompent de sujet. Plutôt que de se focaliser sur les parents qui utilisent à tort les punitions corporelles pour éduquer leurs enfants, pourquoi ne partle-t-on pas des parents qui ne les éduquent pas du tout ? Car la deuxième situation est selon moi bien plus périlleuse pour l'avenir de l'enfant ! J’ai régulièrement croisé des parents qui étaient persuadés que "l’autorité c’est démodé", qui chantaient les louanges du "dialogue avec l'enfant", et faisaient parfois preuve d'un laissé aller total. Et dans la plupart des cas, leurs enfants ont eu une adolescence terrible. Un de mes amis d’enfance a sombré dans la drogue et la délinquance à 13 ans, et une de mes amies d’enfance s’est fait avorter deux fois, à 14 et 15 ans. Et pourtant il n’y avait pas plus "moderne" que leurs parents, eux même se vantant de la relation d'égal à égal qu'ils avaient avec leurs enfants. Heureusement, ils s’en sont sortis, mais je reste persuadé que plus on repousse l’échéance de la confrontation de l'enfant avec l’autorité, et plus le choc est extrême. Car là est le problème… Un enfant qui ne trouve pas les points de repère dont il a besoin à la maison ira les chercher ailleurs : à la télé ou dans la rue. Je revendique donc le droit d’élever mes enfant comme bon me semble, afin qu’ils deviennent de bon citoyens, et non pas des consommateurs sans repères. Et si d'une part je suis tout à fait d’accord avec le fait que la gifle ou la fessée doivent rester exceptionnelles, il semble que le message va ici beaucoup trop loin : le spot n'essaye pas d’inciter les gens à avoir moins recours à la gifle, il tente clairement de criminaliser ce comportement pour préparer l’opinion à une future interdiction.
Je concluerais par cette citation dont j'ai oublié l'auteur : quand les politiques commencent à parler de « nos enfants », pensez à garder une main sur votre portefeuille et une autre sur vos libertés.