À 50 ans, Barbie est-elle une femme libérée ?

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samedi 7 mars 2009

 Lundi, la poupée Barbie aura un demi siècle. Selon Mattel, un exemplaire en serait vendu toutes les 3 secondes. Mais comment a évolué la sylphide blonde, ces 50 dernières années ? Est-elle réellement un modèle de femme épanouie ? Défilerait-elle à l’occasion de la Journée de la Femme, la veille de son anniversaire ?

 La police religieuse de l’Arabie Saoudite n’aime pas beaucoup Barbie, alias Barbara Millicent Roberts. Ses émissaires pourraient porter l’un de ces t-shirts roses où il est inscrit que Barbie est une garce, mais ils ont préféré interdire sa vente, car la poupée, du haut de ses 28 cm, est à elle seule un « symbole de la décadence de l’Occident perverti. » Si la police religieuse la considère donc comme une débauchée, il est naturel de penser que c’est une jeune femme libérée : elle a fait ses études à la Willows High School, elle a plaqué Ken pour un surfer, elle travaille, elle suit la mode... Pourtant, la plupart des gens, et particulièrement les féministes, ont une mauvaise image de Barbie, la voyant comme une éternelle pom-pom girl superficielle passant son temps à faire du lèche-vitrine au centre commercial du coin. En réalité, Barbara est tellement diplômée qu’il faudrait plus d’une vie pour suivre autant d’études qu’elle ! De simple femme au foyer, elle a occupé, au fur et à mesure que la libération des femmes du monde entier progressait, des occupations de plus en plus prestigieuses. Astronaute en 1965, puis doctoresse en 1988, elle a même été candidate aux élections américaines de 2008 ! Barbie est donc loin d’être une écervelée.

« Les mathématiques, c’est difficile »

Mais Barbie n’a pas toujours été aussi studieuse, intelligente et ambitieuse. Ainsi, le modèle parlant débitait des âneries telles que « Les mathématiques, c’est difficile » ou « Aurons-nous un jour assez de vêtements ? » Après les critiques de plusieurs associations féministes américaines, Mattel a retiré du vocabulaire de ses poupées les phrases compromettantes, et a promis d’échanger la gentille idiote contre un modèle à prix équivalent. Certains parents ont cependant réagi plus vite que les associations, en donnant des coups de marteau au jouet jusqu’à ce qu’il arrête de compromettre l’image de la femme.

Quant à l’apparence physique de Barbie, même si sa taille a été grossie en 1997, elle reste toujours le modèle du fantasme de la femme fine à la poitrine généreuse, tant ses mensurations sont improbables. Son aspect sexuel a d’ailleurs été bien exploité par Mattel. Par exemple, dans son catalogue des poupées de collection 2009, on peut trouver des modèles de soubrettes, de danseuses de French can-can ou même de revue, car on veut « célébrer la femme qui travaille »... C’est aussi une battante, parfois héroïne de comics : Wonderwoman, Superwoman, Batwoman...

Les associations féministes sont particulièrement choquées par la French Maid Barbie, qui renvoie à l’imagerie sado-masochiste, où dans le cas de figure présent, la soubrette est tout à fait dévouée à son maître. Concernant la Barbie danseuse de revue, qui pourrait se faire embaucher pour travailler seins nus au Moulin Rouge, c’est toujours les deux mêmes écoles féministes qui s’affrontent : celle dont l’émancipation de la femme passe par celle du corps, qui peut donc être danseuse de revue ; et celle pour qui il est hors de question de gagner sa vie grâce à un corps mis en valeur pour plaire aux hommes.

Barbie, multifacettes, pourrait donc bel et bien se trouver à une des manifestations organisées dans le cadre de la Journée de la Femme, en tant qu’astronaute ou encore comme danseuse de revue... 


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