ADOLESCENTS : vers une génération « PORN » ?

par Roudoualec
samedi 2 septembre 2017

Les grandes lignes de l'enquête de l'IFOP de mars 2017 "Étude sur la consommation de pornographie chez les adolescents et son influence sur leurs comportements sexuels" ont été un peu commentées dans la presse. On y apprend notamment que la proportion des 15-17 ans qui ont déjà visité un site pornographique explose : elle est passée, en trois ans seulement, de 37 à 51% des jeunes. Chez les filles, la part a tout simplement doublé, passant de 18 à 37 % !

Mais l’étude doit d’être lue en détail, notamment pour ce qu’elle dévoile des caractéristiques sociodémographiques, socioculturelles, scolaires et sexuelles des jeunes interrogés. Sur plusieurs points, on découvre une réelle inégalité devant l’exposition au porno, qui mérite qu'on l'aborde sans tabou. Parmi les différences remarquables :

- Plus la famille est aisée, plus on est exposé : jusqu’à +17 % chez les catégories supérieures. Ceci s’expliquant notamment par le fait que le smartphone est devenu le premier mode d’accès à Internet pour ces générations.

- Les ados sont plus exposés en région parisienne (58%) qu’en province (48%).

- Sujet délicat : les jeunes des familles de confession musulmane sont nettement plus concernés (67 %, contre autour de 50 % pour les autres catégories). Ils voient leur premier film en moyenne un an plus tôt. Et ils sont 75 % (contre 48) à penser que ce premier visionnage a participé à leur initiation sexuelle.

- Les mêmes différences se retrouvent chez les jeunes habitant des zones d’éducation prioritaire : ils sont 25 % (contre 10 ailleurs) qui visionnent une vidéo porno au moins une fois par semaine. 73 % d’entre eux déclare que le porno a participé à leur éducation à la sexualité (contre 46 ailleurs). Et 93 % des filles estiment qu’elles étaient trop jeunes lors du premier visionnage (contre 55 % ailleurs).

Sera-t-il possible de traiter sérieusement ces données sans se voir opposer le racisme, l’islamophobie, ou la stigmatisation de certains territoires ?

Car enfin, ne peut-on faire l’hypothèse que ces chiffres (qui rapprochent « quartiers » et milieux aisés) rappellent furieusement ceux qu’on retrouve dans les questions de stupéfiants et de prostitution ? Et qu’on se voile la face sur le fait que nos jeunes sont attirés de plus en plus massivement et de plus en plus tôt, aux marges de ces économies parallèles ?


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